Le parti d'Abbas El Fassi prépare assidûment la prochaine rentrée parlementaire. Afin de gonfler ses rangs, il ouvre grand les bras aux députés du pôle haraki. Une attitude jugée hostile par les dirigeants de la Mouvance populaire. A quelques semaines de l'ouverture de la session parlementaire d'avril, le microcosme des partis politiques est en pleine ébullition. Dans le cadre de la course à la présidence de la Chambre des représentants, les manœuvres politiques vont bon train. Le Parti de l'Istiqlal, qui brigue le fauteuil occupé aujourd'hui par l'USFPéiste Abdelouahed Radi, a la ferme intention d'entrer au Parlement le plus fort possible. C'est ainsi que les observateurs prédisent que le parti d'Abbas El Fassi accueillera entre 12 et 15 nouveaux députés, qui viendront s'ajouter aux 57 déjà présents. Ainsi, plusieurs députés sont approchés par des responsables de l'Istiqlal afin de les convaincre de rejoindre le parti nationaliste. C'est le cas de Mohamed Benzeroual, député de Sidi-Kacem et membre du bureau politique de l'UD. En quittant l'UD, celui-ci risque d'emporter avec lui au moins quatre autres députés et élus locaux. L'Istiqlal aurait également proposé à Ahmed Bouanani, député MP d'Ouazzane de le rejoindre. Les discussions sont toujours en cours et rien n'est gagné d'avance. Selon Moulay M'hamed El Khalifa, membre du Comité exécutif de l'Istiqlal, "le parti ne contacte personne, les députés qui souhaitent nous rejoindre le font de leur propre initiative". En tout cas, cette situation semble déranger le pôle haraki dont certains responsables qualifient l'attitude de l'Istiqlal de "provocation" tout en promettant de "réagir sévèrement". La première formation à faire les frais de cette migration est sans doute l'Union démocratique (UD) de Bouâzza Ikken. Et pour cause, Abbas El Fassi a animé, il y a quelques semaines, un grand meeting populaire à Khémisset, bastion d'Ikken. En somme, le pôle haraki est en danger. Ce début d'hémorragie doit être considéré comme un avertissement. La fusion devient une nécessité. Selon le député MP de Taounate, Ahmed Zarouf, l'explication de ce déclin du pôle haraki est simple. "Les chefs des trois partis sont issus de la même ethnie". Par conséquent, ils opèrent une réelle discrimination à l'égard des non-amazighs. D'ailleurs, tous les députés harakis approchés jusqu'à présent par l'Istiqlal sont des non-amazighs. C'est le cas par exemple du député et président du Conseil régional d'El Jadida, Dr. Mohamed Karim, seul élu de ce type que l'UD compte aujourd'hui et qui, à en croire certaines sources, sera bientôt sous la houlette de l'Istiqlal et avec lui une kyrielle d'élus communaux. Pour Ahmed Moussaoui, député de Nador et membre du bureau politique de l'UD, "ces manœuvres politiciennes prouvent, une fois de plus, que la fusion du pôle Haraki devient une nécessité". A ses yeux, "aucun des trois chefs de partis concernés n'a le droit de bloquer cette entreprise". Bien évidemment, Moussaoui fait allusion aux réticences d'Ikken à accepter l'union des trois formations. Moussaoui ajoute que le but de cette fusion ne se limite pas à avoir une seule et même structure. "Il s'agit plutôt de donner naissance à un parti politique fort, non seulement par ses responsables, mais surtout par sa démocratie interne". Justement, la commission des 15 (composée de représentants des trois partis: MP, MNP et UD) s'est réunie mardi soir, non sans opposition, pour élaborer les statuts du nouveau parti, l'Union de la Mouvance populaire (UMP). Les luttes intestines au sein du MNP d'Ahardane et l'UD sont à l'origine du retard accusé par l'UMP. Si Ahardane a réussi à surmonter les querelles intestines (lors du congrès de Fès, les refuzniks ont été carrément écartés), Ikken, par contre, a du mal à imposer sa vision. La raison est que les statuts de l'UD, paradoxalement, sont des plus démocratiques: le parti en est géré de manière collégiale, et le président a de très maigres attributions en matière de gestion du parti, y compris dans le domaine financier.