Que l'on soit «religieux» ou non une douloureuse évidence s'impose à nous aujourd'hui : les trois grandes religions monothéistes ont été prises en otage par les «haineux» et il nous revient à nous tous – au nom de l'humanité qui est en nous- de ne pas les laisser entre leurs mains. Elles ne leur appartiennent pas et il nous faut «occuper» le terrain ! Lors de la venue du Pape François au Maroc, SM le Roi a prononcé une phrase qui résume à elle seule le combat qui doit être le nôtre aujourd'hui: «Les radicalismes, qu'ils soient ou non religieux, reposent sur la non-connaissance de l'autre, l'ignorance de l'autre, l'ignorance tout court». Notre pays le Maroc résiste à cette déferlante de racisme, de haine et avouons que face à la puissance des réseaux sociaux le combat est difficile, Dieu merci notre tradition de vivre-ensemble constitue un atout ; il nous faut donc à notre tour, nous aussi, utiliser cette force de frappe que représente le Web pour inverser la tendance, pour sensibiliser, éduquer, pour diffuser les messages de paix, de fraternité et nous aussi nous servir des images, des photos, des vidéos pour ne pas laisser le terrain aux scènes de violence, de rejet, de haine… Ces derniers jours est apparu un nouveau sujet d'indignation : des banderoles portant des slogans à caractère raciste : «Les Rajaouis combattent les juifs», «Respectez le chabbat, n'allumez pas le feu» ont été brandies lors de matchs de foot au Maroc, entraînant des réactions de la part d'acteurs de la société civile – alors que les silences de la classe politique et des intellectuels sont eux assourdissants. Pour autant il ne faudrait pas se tromper de combat : croyez-vous que ces jeunes, ces ados soient «antisémites»? Sans chercher à excuser leurs actes, il faut savoir que ces jeunes supporters sont le fruit du matraquage dont ils sont la cible via divers supports alors que nous, nous les laissons livrés à eux-mêmes. Ouvrez les oreilles, plongez-vous dans la vraie vie, soyez sur le terrain et vous verrez comment l'on parle des Subsahariens vivant parmi nous, comment l'on stigmatise les Chrétiens -les amalgamant à des mécréants- et autres remarques xénophobes… Comment pourrait-il en être autrement chez un gosse de 15 ans, quand des adultes, prétendument savants, stigmatisent les 3 voix mêlées lors de la venue du Pape François, célébrant Dieu en musique, au prétexte que l'Adhan aurait été insulté ? Ou encore lorsque l'on ajoute l'expression «hachakoum» lorsque l'on parle d'un juif, tout comme l'on continue trop souvent à le faire après avoir parlé de la femme ????!!!!! Ces jeunes rajaouis, ces jeunes wydadis sont nos gosses, ils ne sont pas nés de nulle part, à nous de les éduquer, de leur expliquer, de leur faire rencontrer nos compatriotes juifs -mais aussi les jeunes subsahariens chrétiens- c'est de la connaissance que naîtra le respect puis la fraternité. De jeunes marocains lanceront une superbe initiative le vendredi 17 mai, sous le label Morocco l'Ghedd qui regroupe leurs associations, ils planteront un olivier devant une mosquée, une synagogue, une église – Fès, Essaouira, Marrakech, Rabat, Oujda, Casablanca… Bruxelles…- «Plantons la fraternité», c'est exactement de cela que nous avons besoin, de telles actions de sensibilisation, de mobilisation, de rencontre de l'Autre ! Alors ne les laissons pas seuls ! Si vous êtes dans ces villes joignez-vous à eux, si vous vivez dans d'autres communes organisez vous aussi cette initiative. C'est par ce travail de fourmi, ce tissage de liens -sur le terrain- cet inlassable ouvrage de pédagogie que nous serons efficaces et que de telles banderoles ne verront plus le jour. Si nous n'agissons pas, nous nous contentons de «dénoncer», alors croyez-moi le racisme, la xénophobie, la haine auront de «beaux jours» devant eux ! Osons la fraternité !