Le Premier ministre Driss Jettou, accompagné d'une forte délégation ministérielle, a été l'invité de la CGEM à Casablanca. La rencontre a connu une forte participation des opérateurs économiques. La réunion était censée donner de la visibilité aux opérateurs économiques. L'objectif n'a été que partiellement atteint. Les opérateurs n'ont pas été tout à fait satisfaits De mémoire d'opérateurs économiques, jamais une réunion avec les membres du gouvernement n'a connu un tel afflux. La salle des rencontres du Centre de Formation de la Banque Populaire a été archi comble. La raison en est la présence du Premier ministre qui a fait le déplacement à Casablanca le 21 février dernier pour éclairer la lanterne des opérateurs économiques, «apparemment» en quête de visibilité. Les attentes sont nombreuses. Les réunions au sein de la CGEM qui ont précédé cette rencontre, ont donné lieu à une liste de revendications telles que le président de la Confédération Hassan Chami a manqué de temps pour faire passer l'ensemble des messages. Les professionnels espéraient se rattraper lors du débat programmé pour faire part de leurs doléances respectives. Mais la séance s'est terminée en queue de poisson, faute de temps. Le programme prévu a été trop ambitieux par rapport au timing réservé à une rencontre tant attendue. Pis encore, le temps qui a été imparti aux ministres n'a servi pratiquement qu'à rappeler les grands traits des stratégies élaborées par leurs départements respectifs. Pas d'annonces spectaculaires de cette réunion, un bon nombre d'opérateurs sont restés sur leur soif. Il n'en reste pas moins que, de part et autre, l'on a pu communiquer sur un certain nombre d'éléments censés booster l'économie nationale. Pour le patronat, la qualification de l'économie nationale en vue de son intégration dans le marché international passe par l'amélioration de l'environnement de l'entreprise, l'accélération des réformes déjà initiées, la mise en place de moyens suffisants pour financer la mise à niveau ou encore la réforme de la justice et la mise en place d'une paix sociale. Du côté du gouvernement, le message est clair, des réformes ont été enclenchées. Il appartient aux opérateurs de mettre la main à la pâte et suivre la cadence. Pour Driss Jettou, « la construction d'une économie nationale moderne et compétitive, garantissant les niveaux de croissance nécessaires à la création des richesses et de l'emploi, est un projet collectif qui engage autant l'autorité publique que la communauté des affaires et les partenaires sociaux ». Les opérateurs sont également attendus sur un autre registre : promouvoir le Maroc et faire preuve de plus d'agressivité pour grignoter de nouvelles parts de marché et attirer des capitaux. Les opérateurs ont souligné, pour leur part, qu'ils ne manquent pas d'atouts pour remplir loyalement cette tâche, à condition de disposer de plus de visibilité et surtout d'une paix sociale notamment à travers la réglementation du droit de grève et la « barémisation » des indemnités de licenciement. Des réformes nécessaires et urgentes pour enclencher le processus sont prévues. Chami, qui a été le premier à prendre la parole n'a d'ailleurs pas manqué de souligner, tout en affichant la satisfaction de ses compères sur l'état d'avancement de certains dossiers, que l'effet d'annonce s'épuise et que le temps presse. Il est question aujourd'hui de mettre les bouchées doubles pour sortir les réformes qui dorment dans les tiroirs des différents départements, a-t-il souligné en substance. Se sont succédés par la suite plusieurs ministres pour présenter les mesures initiées par leurs départements, à même de doper l'économie nationale. Certaines d'entre elles n'étaient pas pour déplaire aux opérateurs. Il en est ainsi pour la réforme fiscale notamment. Le ministre de l'Economie, Fathallah Oualalou a pour sa part annoncé l'extension de la gestion des lignes de financement de la mise à niveau à toutes les banques intéressées et que le taux d'intérêt qui sera applicable aux entreprises au titre de toutes ces lignes de financement extérieur sera unifié et ramené à 5%. Il a également affirmé que ces instruments seront bientôt renforcés par le fonds de mise à niveau (FOMAN: 400 millions DH) dont les conditions précises de mise en oeuvre sont en train d'être définies en consultation avec des experts de la commission européenne et des représentants de la CGEM. De son côté, le ministre de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, a précisé que dans la perspective d'accueillir la coupe du monde 2010, les travaux de construction de nouveaux stades de Football à Tanger, Marrakech et Agadir seront lancés incessamment avec l'Association des entreprises marocaines. Les opérateurs n'auraient, somme toute, pas effectué le déplacement pour rien. Certains d'entre eux n'ont pas caché leur optimisme. L'horizon semble se dégager…petit à petit.