Pour fuire son crime de meurtre à Agadir, un trafiquant de drogue s'est réfugié dans un douar de Chefchaouen pour s'adonner au vol dans les souks hebdomadaires. Il est installé depuis plus de deux ans dans un douar avoisinant les montagnes de Chefchaouen. Tous les habitants savent qu'il n'en est pas originaire. Son accent de tamazight, qui se distingue de celui des Chefchaounis, le divulguait. Mais il est arrivé à s'y intégrer facilement au point qu'il s'est marié avec l'une des filles du douar. Son passé ? Aussi bien sa femme que les voisins ne s'y intéressaient pas. Ce qui importait pour eux est qu'il soit “un homme qui tire la gorgée de la bouche du lion“ et par n'importe quel moyen. Même par le trafic de drogue et le vol? Dès qu'il est arrivé à ce douar, il n'a pas cessé de chercher à entretenir des relations avec des trafiquants de drogue. Il arrivera quelques mois plus tard à nouer des rapports avec le milieu. Et il a commencé à empocher d'importantes sommes d'argent. Au fil des jours, un problème futile a commencé à embrouiller sa vie conjugale. A chaque jour du souk hebdomadaire, sa femme lui demandait de l'accompagner. Mais il refusait. Pourquoi ? «…Je n'ai pas de femme qui va au souk. Ma femme doit rester à la maison…», lui disait-il à chaque fois. Un refus dont elle n'a pas compris les raisons. «Les femmes du douar se rendent au souk ce jour, pourquoi elles et non pas moi?», lui demandait-elle. Il ne lui répondait pas, il se contentait de sortir et de ne retourner qu'un peu tard le soir. D'une semaine à l'autre, des circonstances imprévues ont dévoilé la raison du refus : il est pickpocket. Dans le souk, un marchand l'avait poursuivi en criant : «Au voleur, au voleur…». Après une course-poursuite, il a été arrêté et mis entre les mains des policiers qui veillaient sur la sûreté du souk. C'est ridicule. Il s'armait d'une lame de rasoir avant de se rendre au souk. Là, il saisissait l'occasion de l'inattention des marchands ou des clients, leur passait un petit coup dans les poches et s'emparait de leurs portefeuilles garnis de billets de banque. Il a été conduit au commissariat de police. Le chef de la brigade lui a demandé sa carte d'identité nationale. Il l'a déclinée sans hésitation. Le chef a lu ses données, puis a commencé à scruter la photo d'identité et à regarder le suspect. Il a remarqué une dissemblance dans les traits. «C'est ta photo d'identité ? », lui demande le chef de la brigade sur un ton d'exclamation. Il lui a répondu affirmativement. Le chef ne l'a pas cru et lui a demandé de dire la vérité. «Ce n'est pas ta photo d'identité, elle ne te ressemble pas…», lui confirme-t-il. D'une question-réponse à d'autres, il a fini par avouer : «Ce n'est pas la mienne, je l'ai dérobée à une personne qui plus ou moins me ressemble…». L'intuition du chef de la brigade ne l'a pas trompé. « C'est un gros poisson sans doute», pense-t-il. Il a donné ses instructions à ses limiers pour qu'ils le soumettent à des interrogatoires minutieux au point qu'il s'est mis à table : «Je me dissimulais sous une fausse identité depuis plus d'une année parce que j'ai perpétré un crime à Agadir… », déclare-t-il. Quel crime ? Cet originaire d'Agadir, la trentaine, était un dealer depuis belle lurette. Cependant, il avait eu, à propos d'un client, une prise de bec avec un trafiquant de drogue. L'altercation a fini par l'utilisation de couteaux et la mort de ce dernier. Aussitôt, il a tenté de falsifier sa carte d'identité nationale. Seulement, il n'y est pas parvenu. Et il a trouvé la solution dans le vol de la CIN d'un Gadiri qui, plus ou moins, lui ressemble et a trouvé refuge dans les montagnes de Chefchaouen. Mais sa manie de pickpocket l'a trahi.