Quatre jours après avoir réouvert sa frontière terrestre avec son voisin du Sud, Pyongyang a menacé mardi de rompre l'armistice de 1953 qui avait mis fin à la guerre entre les deux Corées. Une provocation de plus. Pas de risque de guerre dans la péninsule, c'est ce qu'a indiqué mardi le Président sud-coréen, Kim Dae-jung, après la dernière tentative d'intimidation de son turbulent voisin du Nord. Après avoir annoncé la création de quatre nouvelles centrales nucléaires dimanche, le régime communiste venait pourtant bel et bien de menacer Séoul d'une rupture du cessez-le-feu qui avait mis un terme, voilà cinquante ans, au conflit armé entre les deux Corées. Nouvelle rhétorique dont Pyongyang a l'habitude ! L'affaire a quand même fait réfléchir le Président Kim qui, devant son cabinet, a fini par conclure « que le risque d'une guerre dans la péninsule coréenne est faible, en fait inexistant». Il faut signaler que le chef d'Etat, qui quitte ses fonctions la semaine prochaine, a largement œuvré pour la réconciliation avec Pyongyang durant son mandat. Une réouverture qui avait culminé l'année dernière lorsque les deux pays avaient pour la première fois repris des discussions diplomatiques, puis abordé la question des prisonniers et du rapprochement des familles. Les deux Corées ont même fini par ouvrir vendredi leur frontière terrestre fermée depuis 1950. «Nous espérons que cette route sera celle de la paix, de la réconciliation … » a alors déclaré le vice-ministre sud-coréen de l'Unification, Kim Hyung-Ki. C'était sans compter sur la détermination de Kim Jong-Il à obtenir un face-à-face direct avec les Etats-Unis, qu'il ne cesse de provoquer depuis l'annonce de la relance du programme nucléaire national en novembre dernier. Tactique du pire que le dirigeant communiste n'a jamais appliqué directement mais toujours par le biais de ses collaborateurs ou des médias officiels. Mardi, c'était autour de son armée. «L'Armée du peuple coréen n'aura pas d'autre choix que de prendre la décision d'abandonner son engagement de respecter l'accord d'armistice en tant que signataire et de se libérer de toutes ses dispositions obligatoires, considérant les sanctions que les Etats-Unis pourraient prendre contre la République populaire de la Corée du Nord», indiquait le communiqué militaire publié par l'agence officielle KCNA. «Si le camp américain continue de violer et d'abuser de l'accord d'armistice comme bon lui semble», la Corée du Nord n'aura plus besoin de se sentir «inconfortablement attachée» à ce texte, poursuivait le message. Depuis plusieurs semaines, l'armée ne cesse de répéter que les Etats-Unis renforcent leur présence militaire autour de la péninsule et qu'ils mènent «des opérations de blocus naval», un véritable casus belli selon elle. Pyongyang est-elle pour autant prête à prendre les armes affin d'obtenir de Washington une assistance économique et l'octroi de deux réacteurs atomiques pour produire son énergie nucléaire ? Ironie du sort, l'armistice que le régime communiste menace d'annuler avait été signé en 1953 par lui-même, son allié la Chine, et par les Nation Unies. Séoul n'a jamais paraphé ce texte et aucun autre traité de paix n'existe concernant cette guerre de trois années. En théorie, les deux voisins sont donc toujours en état de guerre…