Les professionnels exigent des actions concrètes de la tutelle Le secteur de la santé est en ébullition. Les médecins, les cliniques privées et les infirmiers sont en colère devant l'absence d'engagement concret du ministère de la santé. Les médecins du secteur privé ont annoncé une grève nationale le 4 avril. Cette décision a été prise lors de la tenue d'une assemblée générale entre l'Association nationale des cliniques privées, le Collège syndical national des médecins spécialistes privés, le Collège national des médecins généralistes privés et le Syndicat national des médecins généralistes privés. Les quatre organismes revendiquent la revalorisation des tarifs de référence de l'AMO en faisant remarquer que le citoyen qui bénéficie de l'AMO doit être remboursé à la juste valeur de ses soins. Actuellement, le citoyen débourse 54% de ses propres fonds, au lieu de 20 à 30% maximum. S'agissant de la tarification nationale de référence, il faut rappeler qu'à ce jour, celle-ci n'a toujours pas fait l'objet d'une révision, la nomenclature est ainsi bloquée depuis 2006. Les médecins du privé revendiquent une justice fiscale et l'arrêt de l'acharnement du fisc contre les médecins. Le retard de la révision de la convention AMO, l'absence de couverture médicale pour les médecins du privé, ainsi que le besoin d'assainir le secteur de l'exercice illégal de la médecine figurent parmi les autres revendications. Signalons que le 18 octobre dernier, les médecins du privé avaient mené une grève nationale pour faire entendre leurs doléances. Pour leur part, les médecins du public avaient annoncé une série de mouvements de protestation durant les mois de mars et d'avril. A commencer par le port du brassard noir 509 le lundi 4 mars. A partir du 1er avril et durant une période de 2 semaines, ils porteront des blouses noires. Ils entameront également une grève nationale de deux semaines à partir du 17 avril. Cela dit, par respect de l'éthique et de la déontologie, les services des urgences et de réanimation resteront opérationnels. A travers cette nouvelle vague de protestations, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) dénonce l'absence d'actions de la tutelle malgré l'accord «de bonne volonté» conclu entre le ministre de la santé Anass Doukkali et le SIMSP le 24 décembre 2018. Au terme de cet accord, la tutelle s'était engagée à poursuivre le dialogue et à améliorer les conditions de travail ainsi que les conditions financières des médecins. Les médecins revendiquent aujourd'hui la concrétisation de cet accord. Parmi les principales revendications des syndicats qui datent déjà de plusieurs années figure l'équivalence du doctorat en médecine au doctorat national. Cette équivalence leur garantirait de meilleurs salaires. En effet, elle leur permettrait d'avoir des salaires selon l'indice 509, au lieu de l'indice 336 (salaire équivalent au niveau du master). Ainsi, les médecins réclament l'application de l'accord du 21 décembre 2015, avec toutes ses composantes, notamment l'augmentation des salaires et des indemnités, ainsi que l'équivalence du doctorat en médecine avec le doctorat d'Etat des autres filières. Les médecins veulent aussi des équipements et des moyens logistiques adéquats pour accueillir les patients dans les hôpitaux publics dans des conditions optimales de confort, en vertu des accords du 21 décembre 2015. Par ailleurs, il faut relever que les infirmiers avaient observé trois grèves nationales les 13, 21 et 28 mars dans les établissements hospitaliers publics. Le mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc avait justifié ces débrayages par l'absence d'attitude positive de la part du ministère de la santé à l'égard de son cahier revendicatif. Le mouvement réclame une revalorisation des indemnités sur les risques liés à l'exercice de la profession, la mise en place d'un référentiel des emplois et compétences des métiers de soins et la création d'un Ordre national des infirmiers et techniciens de santé.