Parce que son épouse refusait de lui permettre de se remarier, il l'a liquidée en la jetant dans un canal d'irrigation à Kalaât Sraghna et a tenté de maquiller son acte en suicide. L'affaire est devant la justice. Kelaât Sraghna. Vers 7h du matin en ce jeudi 10 février, les habitants ont découvert le corps sans vie d'une personne de sexe féminin qui émergeait à la surface de l'eau d'un canal d'irrigation. Qui est-elle ? S'est-elle donnée la mort en se jetant dans ce canal ? Et, si oui, pourquoi ? Sinon, qui l'y a jetée ? Des interrogations qui ont hanté l'esprit des enquêteurs de la Gendarmerie Royale du centre de Kelaât Sraghna quand ils ont été alertés de la découverte du cadavre. En effectuant les premiers constats d'usage, ces derniers ont tout d'abord remarqué que le corps de la victime (ou la désespérée) n'était pas dans un état de décomposition. Une remarque qui confirmait que la femme n'y était que depuis quelques heures. Les gendarmes se sont lancés aussitôt dans leurs investigations pour identifier la défunte. Ils y sont arrivés en l'espace d'une heure. Elle est originaire de la région. Après quoi, les instructions ont été données pour évacuer le corps vers la morgue avant l'arrivée de sa famille. Cinq heures après la découverte du corps, deux hommes se sont rendus chez les gendarmes pour les aviser qu'une femme s'était jetée dans le canal d'irrigation. Qui sont-ils ? Le plus jeune s'est présenté comme étant le mari de la femme et le plus âgé comme son père. «Les habitants ont découvert ce matin une femme noyée dans le canal d'irrigation, est-elle celle que vous recherchez ?», les interroge le chef du centre. Le mari et son beau-père lui ont demandé de leur permettre de se rendre à la morgue pour s'assurer s'il s'agissait d'elle. En regardant son visage, ils ont certifié qu'il s'agissait bien de leur parente. Qui l'a jetée dans le canal d'irrigation et pourquoi ? «Elle s'est suicidée», répond le mari en balbutiant. Le chef de la brigade qui le scrutait, n'a pas cru à ses déclarations. Son intuition lui soufflait qu'il ne disait pas la vérité. Comment s'est-elle suicidée ? Etait-il en sa compagnie ou était-elle seule ? Pourquoi s'est-elle suicidée ? Le mari a affirmé aux enquêteurs qu'ils étaient de retour, en voiture, d'une localité à six kilomètres de Kelaât Sraghna. Ils étaient seuls. Elle paraissait dans un état normal et ne semblait pas donner l'impression de quelqu'un qui voulait mettre fin à ses jours. Ils discutaient, a-t-il précisé aux enquêteurs. Près d'un canal d'irrigation, elle lui a demandé de s'arrêter, prétendant être pressée par un besoin urgent. Elle est descendue, s'est avancée jusqu'au canal et s'est jetée sans lui laisser le temps de la sauver. Le chef de la brigade lui a demandé la raison pour laquelle il a attendu jusqu'à l'après-midi pour les alerter. Il n'a pas reçu de réponse convaincante. À ce moment le père de la défunte a raconté aux enquêteurs que son beau-fils l'a contacté pour lui dire que sa fille avait quitté la maison, sans lui dévoiler sa destination. Il ne lui a pas donné les raisons, mais il s'est contenté de le solliciter d'alerter la gendarmerie. Soumis à un interrogatoire bien serré, le mari a fini par cracher le morceau. C'est bel et bien lui qui l'a jetée dans le canal d'irrigation. Pourquoi ? Il a avoué lui avoir demandé de lui permettre de se remarier, mais elle a refusé. Pour arriver à son but, il a pensé à la tuer et il est passé à l'acte tôt le matin du jeudi 10 février. Après ses aveux, il a été traduit devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Marrakech, poursuivi pour homicide volontaire, avec préméditation et guet-apens.