Alors que le nouveau Conseil du gouvernement irakien réfléchit à une sortie de la crise politique, économique et sociale, la résistance armée des Irakiens s'intensifie. Le 32ème soldat américain est mort hier. Les Etats-Unis ont perdu, hier, leur 32ème soldat en territoire irakien depuis le renversement du régime de Saddam Hussein. Un groupe qui s'est présenté comme une cellule irakienne du réseau islamiste Al Qaïda a revendiqué des attaques menées contre des soldats américains dans un enregistrement sonore diffusé dimanche par la chaîne satellitaire Al Arabiya. La plupart des attaques commises depuis la chute de Saddam Hussein, début avril, ont eu lieu à Falloudja et dans d'autres villes à majorité sunnite situées au nord et à l'ouest de Bagdad. Les responsables militaires américains se sont dits dans l'incapacité de confirmer ou d'infirmer l'authenticité du message anti-américain diffusé par Al Arabiya, dont le siège est à Dubaï. La voix s'exprimant sur la cassette annonce pour les jours à venir une attaque qui "brisera complètement le dos de l'Amérique". Les Américains affirment ignorer s'il s'agit d'une allusion à l'Irak, où 148.000 soldats américains sont déployés, ou à un autre endroit. Sur l'enregistrement, la voix affirme que le groupe qui est à l'origine des attaques en Irak est la "cellule de Falloudja" du "Mouvement islamique armé pour Al-Qaïda". Sur le plan politique, au lendemain de la formation du Conseil de gouvernement transitoire irakien, composé de 25 membres, le premier exécutif de l'après-Saddam Hussein s'est réuni lundi matin à Bagdad pour débattre des premières mesures administratives à prendre. Les 25 membres du nouveau Conseil de gouvernement transitoire irakien ont désormais un an devant eux pour inventer un nouvel Irak démocratique et dépasser leurs clivages. La liste officielle du Conseil ne fait d'ailleurs pas mention des appartenances religieuses ou ethniques de ses membres: 13 chiites dont un communiste, cinq Arabes sunnites, cinq Kurdes sunnites, un chrétien et une Turcomane. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les Nations unies, la Ligue arabe et les principaux pays européens ont salué la formation de cette instance. Une chose au moins unit les 25 membres de ce Conseil: leur aversion pour Saddam Hussein. Et leur première décision est à ce titre symbolique: le 9 avril, date de la chute de Saddam Hussein, devient jour férié. Ce gouvernement d'union national a deux immenses tâches: à court terme, relancer l'économie et participer avec la coalition au rétablissement de la sécurité ; et à moyen terme, préparer une Constitution et organiser des élections. Par ailleurs, quelque 2.000 personnes ont manifesté lundi matin à Bagdad à l'appel du parti communiste irakien (PCI) pour commémorer la chute de la monarchie le 14 juillet 1958 et en souvenir du premier chef d'Etat, Abdel Karim Kassem, après la proclamation de la république. Pour la première fois depuis 1963, le PCI, l'un des plus puissants partis communistes du Moyen-Orient, participe au pouvoir en Irak. Son secrétaire général, Hamid Majid Moussa, est l'une des 25 personnalités qui forment le Conseil de gouvernement.