Placé aux côtés de la Corée du Nord et de l'Irak dans l'« axe du mal » défini par le président américain, l'Iran fait désormais partie des trois dossiers prioritaires de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Mardi, Mohamed Elbaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a décidé d'avancer d'une semaine sa visite en Iran où il doit désormais se rendre du 22 au 23 février. Ces dates ont été modifiées à la demande de l'Iran, a indiqué Melissa Fleming, porte-parole de l'AIEA. Lors de son séjour, le responsable onusien doit notamment rencontrer le président iranien et surtout visiter les deux nouvelles installations nucléaires dont le pays dispose. Ces deux usines, dont l'une est située à l'ouest, à Arak, et l'autre au centre, à Natanz, ne sont pas celles que Mohammad Khatami a évoqué dimanche lorsqu'il avait annoncé la découverte et l'exploitation d'un gisement d'uranium dans le centre, à Savand, et la création de deux nouveaux sites, à Ispahan et Kachan, dans la même région. « A Savand, une région située à 200 kilomètres de Yazd, nous avons des réserves importantes d'uranium dont le travail d'extraction a commencé », avait alors indiqué le président. Dans la même province, une usine, celle d'Ispahan, de production de «yellow cake», de l'uranium concentré est en construction, avait ajouté M. Khatami. Le second complexe de Kachan est quant à lui censé enrichir les composites d'uranium (UF4 et UF6) produits sur le premier site. Un contrat de 110 millions de dollars avait été signé en 1992 entre l'Iran et la Chine pour la construction des deux installations, mais Pékin s'était retiré du projet sous la pression américaine en 1997. Le lendemain du discours du dirigeant iranien, si l'AIEA a déclaré que ces déclarations « ne constituaient pas une surprise » - elle était au courant -, les Etats-Unis se sont par contre montrés très sceptiques, soupçonnant l'Iran de développer un programme à des fins militaires. Lors de sa visite, M. Elbaradei ne visitera de toute façon pas ces deux sites, opération qui nécessite toute une procédure avant que son agence n'en obtienne l'autorisation. Comme c'est le cas pour Arak et Natanz. Les autorités iraniennes ont en effet respecté à la lettre les prérogatives adoptées par l'AIEA en 1992, et qui stipulent que tous les Etats doivent informer l'Agence sur la construction ou la planification de nouveaux sites nucléaires. Ce que l'Iran a fait en septembre 2002 précisant que ses deux usines rentraient dans le cadre de son programme civil et devaient permettre d'obtenir d'ici 20 ans une capacité de 6000 Mégawatts d'énergie d'origine nucléaire. Toujours dans le respect de la procédure, l'AIEA avait alors demandé aux autorités de pouvoir visiter ses nouvelles installations dès le mois de décembre. Une première visite de M. ElBaradei avait alors été prévue ce même mois avant d'être repoussée à février à la demande de Téhéran. L'Iran ne possède actuellement qu'une seule centrale en cours de construction à Bouchehr (sud). Elaborée par les Russes, elle doit être achevée en juin 2004 et assurera une production de 1.000 Mégawatts avant d'être complétée par des extensions. Une autre centrale, à Ahwaz (sud-ouest), est aussi envisagée, projet qui a renforcé les soupçons américains. Au cours de séjour, le directeur de l'AIEA espére convaincre l'Iran, signataire du Traité de non-prolifération, de signer un protocole additionnel permettant aux inspecteurs de l'agence de mener des inspections sur des sites « suspects » non déclarés.