Si les taux fixés aujourd'hui ne répondent pas à la marge du dumping qui a été calculée pour la mise en place de la mesure provisoire, les professionnels ferment les yeux sur cette décision mais en revanche plaident pour que la clause de sauvegarde relative à l'importation de papier soit levée. En dépit de leur insatisfaction des taux du droit antidumping sur les importations de cahiers originaires de Tunisie, désormais applicables pour une durée de 5 ans après la publication du dernier Bulletin officiel, les producteurs nationaux de cahiers sont toujours déterminés à obtenir gain de cause. En effet, la décision irréversible de la tutelle ne les a pas découragés à demander davantage de protection. Si les taux fixés aujourd'hui ne répondent pas à la marge du dumping qui a été calculée pour la mise en place de la mesure provisoire, les professionnels ferment les yeux sur cette décision mais en revanche plaident pour que la clause de sauvegarde relative à l'importation de papier soit levée. «Certes, le ministère a pris aujourd'hui sa décision finale, mais ces mesures de protection ne servent à rien du moment où le producteur local ne produit pas le papier. Nous sommes, donc, obligés de l'importer de l'étranger. Des importations soumises à un droit de douane important», nous explique dans un bref entretien Lahcen Oulahiane, directeur général de Promograph, l'une des entreprises rescapées de la crise qui sévit dans le secteur suite à la concurrence déloyale. Se référant à M. Oulahiane, les trois producteurs nationaux du cahier ont adressé leur requête au ministère de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Ce dernier leur a envoyé fin décembre un mini-questionnaire à remplir pour l'évaluation de la performance de la clause de sauvegarde. En attendant la réaction de la tutelle, les producteurs locaux continueront d'acquitter un droit additionnel dégressif sur les importations de papier en bobine et en rame. Ce droit, selon M. Oulahiane, est actuellement de 20% après s'être situé autour de 22,5% pour l'exercice 2018 et de 25% durant l'exercice 2017 . Pour 2020, il devrait baisser encore de 10% pour s'établir à 17,5%. Il est à rappeler qu'une dizaine d'unités de production a été contrainte de fermer boutique ces dernières années. Et pour cause : les pratiques du dumping agressives ont causé un dommage à l'industrie marocaine de cahiers. Seulement trois industriels ont fait preuve de résilience. Outre Promograph, on cite Med Paper et Mapaf qui forment conjointement l'Association des fabricants des cahiers du Maroc (AFCM). S'exprimant sur les perspectives du secteur après l'application des taux du droit antidumping, Jalil Bendanne, sous sa casquette de président d'AFCM et directeur général de Mapaf, indique être dans le flou. «Les difficultés du secteur sont connues de tous. J'espère que l'hécatombe ne continuera pas. Il faut nous donner la possibilité de tourner à plein régime pour répondre favorablement à la demande du marché avec le prix du marché. C'est d'ailleurs ce que nous avons toujours réclamé», déclare-t-il. L'AFCM avait saisi dernièrement la tutelle pour mettre fin à la concurrence «tunisienne» qui menace la pérennité de cette industrie au niveau national. Une enquête antidumping a été ouverte dans ce sens. L'investigation ayant duré plus de 17 mois a permis d'identifier en premier lieu des marges provisoires de 33,7% sur les exportations de Sotefi et de 51,06% sur ceux de Sitpec. Des taux qui, en définitive, ont été revus à la baisse pour revenir respectivement à 27,71 et à 15,69%. Une baisse qui a été contestée par les producteurs nationaux, notamment la marge de 15,69% qui semble, selon eux, sous-évaluée et insuffisante pour protéger l'industrie marocaine. Il est à noter que le Maroc constitue un important marché pour les exportateurs de cahiers tunisiens où ils réalisent la moitié de leurs chiffres d'affaires. 2018 n'a pas été de bon augure pour eux puisque leurs exportations de cahiers vers le Maroc ont été limitées vers la fin de l'année. Le président de l'AFCM cite dans ce sens un volume d'environ 4.000 tonnes. Des expéditions insuffisantes par rapport à celles des années précédentes.