La grève actuelle de l'enseignement supérieur suscite une polémique autour de l'intégrité des engagements de certains responsables gouvernementaux, surtout à la veille des élections. Dans un communiqué publié à l'occasion de la grève des 6 et 7 février, le Syndicat national de l'Enseignement supérieur (SNESup), justifie le recours à la grève par la conjonction de trois facteurs essentiels, à savoir la révision à la hausse des indemnités, le règlement des problèmes relatifs à l'équivalence des doctorats français et surtout la réforme du statut des enseignants universitaires. Certes, des acquis sont réalisés dans le sens de la réforme de l'université, notamment en ce qui concerne la démocratisation de l'espace universitaire et l'élargissement de l'espace de participation à la gestion administrative et pédagogique. Les élections survenues lors des deux mois précédents confirment ces faits, comme c'est le cas également pour la réforme des autres structures universitaires déjà entamée. Mais, toujours est-il que, pour la majorité des enseignants précités, ce qui compte, en premier lieu, c'est que la majoration des indemnités, la motivation scientifique, pédagogique ou autre passe, inéluctablement, par cette voie. Dans une interview récente, publiée par notre confrère Al Ahdath Al Maghribya, avec Fouzia Guédira, qui assume la responsabilité du secrétariat général du SNESup depuis la maladie de M. Si Aârab, secrétaire général élu lors du dernier congrès de ce syndicat, l'essentiel dans cette affaire, annonce-t-elle en substance, porte sur la nécessité de la continuité de la responsabilité gouvernementale. L'interprétation judiciaire des faits montre que l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur, Najib Zerouali, agissait formellement au nom de l'ensemble du gouvernement. Ces démarches, d'ailleurs, s'inscrivent dans le cadre du dialogue social et des acquis sociaux réalisés durant le mandat du gouvernement de l'alternance. Exactement comme c'est le cas pour d'autres mesures à caractère social, comme la généralisation de la couverture médicale et le règlement du dossier de l'enseignement fondamental et secondaire. Mais, concernant le budget consacré aux indemnités des enseignants, dont il est question, tout porte à croire que l'ancien ministre n'a pas impliqué dans cet accord le ministère des Finances. Les élections qui pointaient à l'horizon expliquent, en grande partie, cette générosité ; et ce même si ce n'est, en fin de compte, qu'une modeste majoration, puisque ce n'est pas avec 1000 dirhams par mois de plus que les enseignants universitaires vont pouvoir sortir de l'état de détérioration de leurs conditions de vie et de travail. D'où la complexité du problème. Cela dit, Il n'en demeure pas moins important de rappeler, à ce niveau, la nécessité d'une révision en profondeur du statut des enseignants universitaires. Une question, désormais, à l'ordre du jour.