A la veille de la nouvelle réunion du Conseil de sécurité mercredi, le dossier irakien était encore l'objet de vives discussions et d'incroyables va-et-vient entre les chancelleries du monde entier. Mardi, le 25ème sommet franco-britannique n'aura pas été celui de la convergence des points de vue entre les deux pays voisins. A l'issue de leur entretien au Touquet (nord de la France), le premier ministre Tony Blair et le président Chirac ont eu du mal à cacher leur crispation. Car les deux interlocuteurs ont campé sur leurs positions respectives. Le premier a eu beau plaider pour une seconde résolution du Conseil de Sécurité, sous forme d'un ultimatum lancé à Bagdad, le chef d'Etat n'en a pas démordu. La France souhaite toujours une poursuite des inspections en Irak dans le cadre de la résolution 1441 adoptée en novembre dernier. Les deux pays se sont toutefois montrés d'accord sur le nécessaire désarmement de l'Irak, et ce dans le cadre de l'ONU… Une petite voix commune qui est intervenue alors que, la semaine dernière, Londres et Madrid avaient été à l'origine de la fameuse « lettre des Huit » pays européens soutenant les Etats-Unis sur le dossier, et donc une action unilatérale en cas de refus de l'ONU ! Un débat que l'on devait retrouver ce mercredi au siège new-yorkais de l'instance avec l'intervention très attendue du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Le ministre français des Affaires étrangères a déjà prévenu mardi, qu'il interviendrait tout de suite après les déclarations de son homologue américain. « Nous écouterons avec attention ce que le secrétaire d'Etat américain dira au Conseil » a déclaré François Rivasseau, porte-parole du Quai d'Orsay, précisant que l'intention de Dominique de Villepin était d'expliquer la position française et de « créer un débat ». La problématique a déjà été soulevée au cours des deux derniers jours du côté des dirigeants africains réunis pour le premier sommet de l'UA en Ethiopie. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a même offert mardi sa médiation dans la crise irakienne. « Je souhaite avoir l'occasion de parler à ces deux personnes, le président Bush et Saddam Hussein », a-t-il déclaré sur CNN en marge de la réunion. «J'aimerais sauver la paix internationale», a–t-il encore dit, après avoir assuré que les membres de l'Union africaine rejetaient catégoriquement la perspective d'un nouveau conflit dans le Golfe. Depuis lundi, un intense ballet diplomatique a été déployé autour de l'Irak, signe d'une tension générale à la veille de la réunion du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis doivent en effet présenter des « éléments convaincants » sur la possession par l'Irak d'armes de destruction massive, comme indiqué par Colin Powell. Le conseiller à la présidence irakienne, le général Amer al-Saadi, a déjà répondu s'attendre à ce que M. Powell expose « un mélange de photos de haute technologie et probablement des enregistrements de conversations téléphoniques supposées entre des responsables irakiens ». Le chef des inspecteurs en désarmement de l'ONU a pour sa part appelé le responsable américain à présenter des informations concrètes sur des lieux précis pouvant être vérifiées par les inspecteurs sur place. En attendant, sur le terrain, la marine américaine se préparait à accueillir son quatrième porte-avions, le USS Theodore Roosevelt, après l'arrivée du USS Abraham Lincoln le week-end en mer d'Oman.