Le Likoud est assuré de remporter les législatives. Mais, il ne peut gouverner sans l'apport des défenseurs du «Grand Israël» dont le seul programme consiste à transférer les Palestiniens faute de les tuer. Les Israéliens se sont rendus hier aux urnes, sous haute surveillance de leur armée, pour des élections législatives qui ne doivent pas changer grand chose au rapport de force politique existant. Ariel Sharon, le Premier ministre sortant, est en effet assuré de les remporter. Ces élections se sont accompagnées de la recrudescence des assassinats des Palestiniens qui continuent de payer le prix fort de la nouvelle vague de répression israélienne. De plus, le bouclage strict de la Cisjordanie et de la Bande de Ghaza est toujours en vigueur, depuis dimanche. Il est même renforcé par le couvre-feu. Vingt-sept listes étaient en lice pour ces élections. Une quinzaine seulement ont des chances de franchir la barre de 1,5% des suffrages pour pouvoir prétendre être représentées. Contrairement aux trois derniers scrutins, les électeurs étaient appelés à designer seulement les 120 députés de cette 16è Knesset. L'élection directe du Premier ministre ayant été abrogée. Ces élections, pour une législature de quatre ans, avaient eu lieu au scrutin de liste à la proportionnelle intégrale, l'ensemble d'Israël constituant une seule circonscription. Les premiers résultats partiels étaient attendus hier soir. Les résultats définitifs ne devraient pas être connus avant demain soir. Ariel Sharon peaufinait déjà hier son discours de victoire, les derniers sondages le donnent tous largement gagnant. Ce discours doit comporter une nouvelle ouverture sur les Travaillistes pour participer à son nouveau gouvernement, dans une espèce de coalition d'union israélienne. Les résultats définitifs ne donneront pas de majorité absolue au Likoud, parti d'Ariel Sharon. Il devra donc passer nécessairement par la reconstitution de cette union, pour ne pas se retrouver piégé par l'extrême droite et par les partis religieux. Amran Mitzna, chef des Travailliste a d'ores et déjà écarté cette option, estimant qu'Ariel Sharon mène Israël vers la catastrophe et n'offre aucune perspective de paix avec le peuple palestinien. Sur le terrain, des missiles tirés par des hélicoptères israéliens ont provoqué un explosion dans une maison à Ghaza faisant trois morts, dont deux adolescents, dans la nuit de lundi à mardi. Un responsable palestinien a promis de venger ces morts en disant que les militants frapperont dans «chaque endroit, dans chaque ville» en Israël. Neuf autres personnes au moins ont été blessées dans la déflagration qui a dévasté une maison de deux niveaux et des bâtiments alentour. Rappelons que dans la nuit de samedi à dimanche, quatorze Palestiniens avaient été assassinés par la soldatesque israélienne au cœur de la ville de Ghaza. Ces assassinats systématiques de civils palestiniens ont été condamnés par la France, la Suisse et l'Egypte. Ces pays déplorent la barbarie de la répression israélienne. L'Union européenne s'est, quant à elle, alarmée de la poursuite de la détérioration de la situation au Proche-Orient. Autre conséquence de la barbarie sioniste, les douze mouvements de libération palestiniens ont achevé leurs pourparlers au Caire en convenant de poursuivre l'Intifada. Il se sont aussi engagé à répondre, après les élections israéliennes, à la proposition égyptienne d'arrêter pendant un an les attentats-suicide contre les civils israéliens. Tous les courants palestiniens étaient représentés au Caire pour discuter des propositions de l'Egypte qui recommandait un cessez-le-feu unilatéral tout en réaffirmant le droit de résister à l'occupation. Les observateurs pensent que le seul fait d'avoir réuni des mouvements de résistance palestiniens aussi divers autour d'une même table est en soi une victoire qui va contribuer à constituer un large front uni, alliant laïcs, libéraux, islamistes et communistes palestiniens. En gros, trois tendances se sont dessinées au Caire. L'une accepte inconditionnellement la proposition égyptienne. L'autre n'admet d'arrêter les attentats contre les civils qu'à l'intérieur d'Israël. La troisième n'accepte cette option que si Israël fasse de même en s'engageant à arrêter les tueries et assassinats de Palestiniens.