L'administration des douanes était au centre de la fameuse campagne d'assainissement qui a été menée en janvier 1996. Ce fut une tornade brutale que les pouvoirs publics avaient déclenchée en janvier 1996 dans le monde des affaires. Visant à l'origine les gros bonnets de la contrebande et du trafic de drogue, la fameuse opération d'assainissement, supervisée par le ministère de l'Intérieur, prendra une autre allure avec l'incarcération et le jugement de certains hommes d'affaires illustres. La descente des brigades spécialisées a commencé dans les commerces de Derb Omar, à Casablanca, pour se poursuivre dans d'autres centres. Officiellement, les prévenus ont été arrêtés pour atteinte aux lois régissant les pratiques commerciales et les procédures douanières. Même de hauts fonctionnaires de la Douane seront happés par cette grosse tempête. Du coup pas moins de 21 responsables de cette institution se retrouveront dans le box des accusés. Parmi eux, le directeur général de l'administration des Douanes, Ali Amor, son prédécesseur Hammad Jaï Al Hokaïmi et Ahmed Hamza, ex-sous directeur des douanes. Ironie du sort, ce dernier siégeait alors parmi les membres de la commission préfectorale de lutte contre la contrebande. À l'issue d'un procès spectaculaire, marqué par de multiples reports, MM. Amor et Hokaïmi sont condamnés à un an de prison ferme. Jugement confirmé en appel. Les deux responsables se sont pourvus en cassation. Des voix se sont élevées énergiquement pour dénoncer une chasse aux sorcières sur fond de règlement de comptes sous couvert de volonté d'assainir les rouages de l'économie en y introduisant une bonne dose de transparence. Il a fallu mettre un frein d'arrêt à cette campagne qui commençait à partir dans tous les sens. En effet, S.M le Roi Feu Hassan II s'avise de décréter une grâce totale en faveur des “personnes en détention et celles en état de liberté“, une mesure annoncée par un communiqué laconique du cabinet royal en date du 16 octobre 1997. Par ce geste de pardon, le souverain a voulu tourner la page et mettre fin à un épisode nourri d'amertume, de ressentiment, de malentendus et d'arbitraire. Une situation qui a débouché sur une crise de confiance grave entre l'État et les opérateurs économiques. La communauté des affaires, sonnée, a vécu un des moments les plus difficiles de son histoire au point que l'investissement économique s'en est ressenti. Cette réconciliation fut scellée en grande pompe à Casablanca par la signature d'un “gentlemen agrément“ entre les pouvoirs publics et le patronat. Cette campagne a marqué un tournant pour l'administration des Douanes qui aura alors un nouveau directeur général : Noureddine Omary, actuel P-DG de la BP, connu pour sa rigueur et son sérieux. Le choix s'est porté sur lui pour mener la réorganisation de cette administration avant de céder la place à un autre réformateur qui n'est autre que Abderrazak El Mossadeq, actuel bras droit du Premier ministre, Driss Jettou. De l'avis des observateurs, M.M Omary et El Mossadeq ont réussi chacun à redorer le blason de la douane et à recadrer sa mission.