Certains évoquent un accroissement du sentiment d'insécurité des Casablancais. D'autres parlent d'une phobie amplifiée. La réalité du terrain est tout autre . Certes la délinquance existe, mais le taux de criminalité dans la métropole reste en deçà des villes qui lui sont similaires. Depuis quelque temps, certains médias évoquent la recrudescence de l'insécurité à Casablanca sans toutefois étayer leur argumentation par la valeur des chiffres. Il est vrai que la capitale économique, comme toutes les grandes métropoles connaît la croissance de la délinquance autant que sa démographie augmente, et ce, depuis des décennies. Mais de là à amplifier le phénomène et à mélanger les genres de délits pour créer une sensation ou du sensastionnel relatif à l'insécurité, c'est aller loin dans la besogne. Il faut admettre qu'on est loin, trop loin même de la grande délinquance ou le crime organisé qui sévit dans des villes comme New York, Johannesburg, Rio de Janeiro et autres mégapoles. Le taux de la criminalité à Casablanca est très en deçà des villes similaires de partout dans le monde. Il est vrai que le vol à l'arrachée, les agressions dans la rue et autres délits mineurs se produisent quotidiennement à Casablanca. Mais à aucun moment ce phénomène, de surcroît, confiné dans des endroits précis, n'a provoqué chez les habitants une augmentation du sentiment d'insécurité à même de devenir une hantise au quotidien. C'est à juste raison d'ailleurs que notre confrère Abdelkader Mohcine de l'Opinion a rectifié le tir en commettant un article fort pertinent dans son édition du lundi 30 décembre 2002. Il est y dit notamment :"Notre pays est de beaucoup loin de la situation que vivent nombre de nations développées que ce soit en Europe, en Amérique ou en Asie. Tant il est vrai que l'insécurité, dans ces zones, constitue, aujourd'hui, l'un des thèmes majeurs du débat public». Il n'existe aucune comparaison avec Casablanca où la délinquance reste limitée et temporelle et où les statistiques démontrent que son taux de criminalité annuelle égale cette quotidienne de Johannesburg par exemple. Mieux encore, et pour rester au Maroc, le nombre de crimes de sang perpétrés à Fes semble prendre le dessus par rapport à celui de Casablanca. Cette donne étonne, mais elle est tributaire de la spécificité et des structures de la région qui différent de celles de Casablanca. Ceci étant, les vols à l'arrachée, les agressions et autres délits sont évidemment plus nombreux à Casablanca qu'à Fès. Pour être plus précis, il est utile d'étudier le tableau comparatif des affaires survenues et celles solutionnées au cours de l'année 2001 et 2002. pendant la première année, la police a recensé 85 805 cas survenus et 77667 solutionnés ; l'année suivante on a inventorié 75137 pour 66686 cas solutionnés. En faisant le rapport pour trouver le taux de délits solutionnés, on découvre qu'il avoisine les 90 %, ce qui constitue un taux très élevé qui démontre la compétence de la police. Ce faisant, la police ne se contente pas de diligenter des enquêtes quand il y a délit, mais elle s'investit beaucoup dans la prévention. Depuis son arrivée du préfet Bouchaib Rmail, qui a roulé sa bosse partout au Maroc, a établi une véritable stratégie sécuritaire basée sur la prévention. Cette stratégie qui se base sur l'approche de la ; police de proximité a divisé la ville en plusieurs zones supervisées par un responsable. Ce découpage en zones est subdivisé en secteurs dont la sécurité est assurée par des rondes motorisées et pédestres. Pour pallier la carence des moyens matériels, le préfet de police a fait appel à la communauté urbaine de la ville pour financer l'achat des motocyclettes et autres besoins. La police de proximité suppose le recyclage des policiers, c'est pour cela qu'un cycle de formation a été institué au sein de la préfecture de police. Cette approche pédagogique, dispensée en cours du soir est destinée à permettre au policier de se mettre au diapason de l'évolution socio-politqiue que connaît notre pays dans le respect des droits de l'homme mais aussi celui des libertés publiques et des fondements de l'Etat. Dans une contribution à la revue de la police, le préfet Bouchaib Rmail, donne un autre concept du rôle de la police que celui qui lui a collé à la peau pendant longtemps : «...Quand on parle de la police, on pense malheureusement parfois à la privation ou à la restriction des libertés...mais la police reste une institution chargée de dispenser la sécurité au profit des citoyens sans aucune distinction» Encore faut-il que l'Etat lui donne les moyens pour accomplir cette lourde tâche surtout dans une métropole qui compte cinq millions d'habitants face à 5000 ou 6000 policiers. Mais pour éviter que le sentiment d'insécurité dépasse la réalité du terrain, il faut que la préfecture communique avec les citoyens via la presse. Malheureusement cette pratique qui avait commencé timidement il y a quelque temps a fini par être enterrée pour des raisons incompressibilités. Pourtant, Bouchaib Rmail a été toujours un bon communicateur pour se cantonner dans un silence qui favorise une campagne démesurée d'insécurité. Le préfet, qui prépare son doctorat dans la cybercriminalité, a tous les atouts pour éradiquer un sentiment d'insécurité amplifiée jusqu'à la phobie.