Du côté de la Comanav qui a connu une passe financière très difficile, on envisage aujourd'hui l'avenir avec optimisme. Même si rien n'est gagné d'avance dans un secteur de plus en plus concurrentiel. Une mission de la cour des comptes a élu domicile depuis le mois d'octobre dans les locaux de la Comanav à Casablanca. Cette inspection fait suite au rapport d'audit établi en 1999 par l'inspection générale des finances (IGF) qui a relevé dans son rapport un certain nombre d'observations d'ordre comptable. C'est pour approfondir l'enquête que la Cour des comptes (CDC) a débarquée dans l'entreprise. Cette institution a pour mission dans le cas précis de s'assurer de la “régularité des opérations de recettes et de dépenses des organismes soumis à son contrôle, en apprécie la gestion et sanctionne les manquements aux règles qui régissent lesdites opérations“. Un rôle qui rentre parfaitement dans le cadre de ses attributions. Si les faits relevés justifient une “action disciplinaire ou pénale, ceux-ci sont signalés soit à l'autorité dont relève l'infraction soit au ministre de la justice pour juger des mesures adéquates à prendre. Entreprise publique, la Comanav était au bord de la faillite il y a encore quelques mois. Il a fallu l'intervention du gouvernement Youssoufi qui a renfloué les caisses exsangues de la boîte à hauteur de 150 millions de Dh (une somme jugée très en deça des besoins) pour éviter le pire, à savoir le dépôt de bilan. En retour, Taoufik Ibrahimi, le jeune et dynamique directeur général, a mis en place un plan social destiné à restructurer la compagnie en se débarrassant des biens non nécessaires à l'exploitation et en cédant les vieux bateaux. Aujourd'hui, l'entreprise dispose d'une flotte de 6 navires alors qu'elle en avait 17 à l'époque de son apogée. La nouvelle stratégie de la compagnie, doublée d'une optimisation de la gestion, est axée actuellement sur l'affrètement de bateaux plus neufs et mieux adaptés au trafic. Il est vrai qu'il est plus rentable d'affréter que de s'encombrer de porte-containers délabrés dont les frais d'entretien sont très élevés. Du côté de l'entreprise, on envisage aujourd'hui l'avenir avec optimisme. Les difficultés financières de la Comanav sont venues surtout, à croire un responsable, de son incapacité à s'adapter aux changements intervenus mondialement dans le secteur maritime. Au cours des décennies précédentes qui ont vu la compagnie atteindre son âge d'or, la flotte Comanav avait en quelque sorte la partie facile dans la mesure où ses bateaux se nourrissaient d'une activité diversifiée grâce au système du tramping ( faisant office de taxis des mers, les bateaux sillonnaient le monde pour faire le plein de cargaisons). Cette belle époque est bel et bien finie. Car la concurrence est devenue féroce notamment de la part du pavillon étranger qui utilise souvent des bâtiments géants ( jusqu'à 6000 containers) avec un équipage réduit. Ce qui se rejaillit forcément sur la politique tarifaire sans cesse revue à la baisse. Pour se maintenir à flots dans un environnement aussi concurrentiel, la Comanav, sous la férule de M. Ibrahimi, a dû organiser le redéploiement de son activité en ouvrant de nouvelles lignes maritimes. Parallèlement à cela, la compagnie cherche à conclure des accords de partenariat avec ses homologues étrangères et à attirer dans son capital de nouveaux actionnaires.