La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca a rendu, mardi, son verdict dans l'affaire du groupe islamiste Assirate Al Moustaqim (Droit Chemin) en condamnant douze mis en cause à des peines allant d'un à vingt ans de réclusion criminelle et en acquittant deux autres. Mardi soir, la Cour a clos le dossier des quatorze mis en cause, membres du groupuscule Assirat Al Moustaqim, accusés d'avoir lapidé à mort le jeune Fouad Al Kardoudi. Elle a condamné Adil Bichr et Ali Ferdaousse respectivement à 20 ans et 5 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 2000 DH; Khalid El Abbassi, Mohamed Lotfi, Abderrazak Fathi, Abdelhakim Ouachine et Adel Ankoude à 4 ans de prison ferme assortie de 1000 DH d'amende; Khaled Abboubi, Taher Moussaïd, Ahmed Belbaraka et Miloudi Zakaria à un an de prison ferme assortie de 500dh d'amende. La même Chambre a acquitté deux des mis en cause, à savoir Jaouad Soumir et Mustapha Aït Barkou. L'affaire remonte au samedi 23 février 2002. Fouad Al Kardoudi, 29 ans, repris de justice, a déjà avalé une bouteille de Mahia (eau de vie) et quelques comprimés psychotropes. Le soir, Fouad, qui titubait, rencontre l'un des membres du groupe Assirate Al Moustaim. Ce dernier lui a demandé d'arrêter de déranger les passants et d'insulter la religion et Dieu. Fouad lui a asséné un coup à la joue. Mohamed a pris le chemin des urgences de l'hôpital Mohammed V, où on lui a fait trois points de suture. Là, ses « frères » l'ont rejoint ; de jeunes hommes dont l'âge ne dépasse pas la trentaine. Ils s'adonnent, tous, à des métiers de subsistance : marchand de sandwiches, aide-commerçant, électricien, marchand de légumes, journalier, vendeur de harira. Ils ont décidé de lapider Fouad. Après la prière d'Al Ichaa, ils ont attendu l'arrivée de Fouad, munis de pierres, d'un couteau et d'un bâton. Lorsque Fouad est arrivé, l'un des « frères » a crié « Allahou Akbar ! ». Et c'est le début de la lapidation. Fouad est tombé par terre. L'un des « frères » l'a achevé d'un dernier coup de pierre. Fouad a rendu l'âme en pleine rue. Arrêtés, ils ont déclaré, selon l'acte d'accusation, avoir reçu une fatwa de leur chef spirituel, Miloudi Zakaria. Ce dernier, âgé de 35 ans, n'a pas fait d'études poussées. Il est devenu pieux et regroupe des personnes autour de lui. Il commence à influencer ses compagnons par ses idées. Il a donné à son groupe le nom de “Droit Chemin “ qui déduit son idéologie du “ Salafisme du Jihad“. Il est devenu l'idéologue et la référence du groupe. Il a même écrit un livre en arabe intitulé « La dualité du discours dans la méthode des mouvements islamistes marocains » et un autre intitulé « Réplique sur le discours du docteur Azzedine Tawfik ». Miloudi Zakaria a nié devant la Cour avoir constitué un groupe nommé Droit Chemin et il a reconnu avoir quatre épouses, dont trois sans acte de mariage, selon la Chariâ. Seul Adil Bichr, condamné à 20 ans de réclusion, avait reconnu avoir tué Fouad avec un coup de pierre. Tous ses amis ont nié avoir lapidé la victime.