L'Assemblée générale des Nations unies a proclamé 2005 «Année internationale du Micro-crédit». Au Maroc, le secteur connaît un succès fulgurant et la concurrence entre les organismes se fait de plus en plus rude pour attirer de nouveaux clients. Branle-bas de combat dans les milieux de la micro-finance. Et pour cause, la Fédération nationale des Associations de Micro-crédits prépare le lancement officiel de l'Année internationale de la Micro-finance. Celle-ci débutera officiellement le mardi 22 février 2005 au Maroc sous le thème : « Micro-finance, vecteur du développement social ». La manifestation vient marquer la consolidation d'un secteur qui croît à un rythme impressionnant. Aujourd'hui, il existe au Maroc une douzaine d'associations de micro-crédit, dont trois se taillent l'essentiel du marché : Al Amana, Zakoura et la fondation Banques Populaires. À titre d'exemple, Al Amana a compté 167 919 clients actifs au mois de janvier de cette année. Le montant des prêts déboursées sur la même période a atteint, lui, les 700 482 dhs. La fondation Zakoura affiche elle un portefeuille constitué de 158.413 clients actifs au 31 octobre 2004, et pas moins de 935.584 micro-crédits octroyé depuis sa création. Les institutions financières internationales s'intéressent de plus en plus à cette activité. Récemment, la Banque européenne d'investissement a mis à la disposition des associations marocaines une deuxième ligne de crédit d'un montant global de 10 millions d'euros. Aujourd'hui, la concurrence se fait rude entre les majors du secteur pour décrocher de nouveaux clients. Et pour cause, toutes les expériences menées jusqu'à ce jour dans le monde se sont soldées par un taux de remboursement des prêts supérieur à 95 %. Des agents de terrain de certaines associations se plaignent même de la « récupération » de leurs clients potentiels par des associations concurrentes. Les consultants du PNUD estimaient, en 2001, les bénéficiaires potentiels entre 500.000 et 1,2 million de personnes, soit 4 % de la population totale. Un chiffre insignifiant si l'on considère que le taux de bancarisation au Maroc ne dépasse pas 20%. Mais cette dynamique cache un flagrant non-dit. Il s'agit des taux appliqués aux crédits octroyés. Ces derniers battent en effet tous les records de taux d'usure pratiqués sur le marché marocain. Si sur le marché classique, le Taux effectif global (TEG), c'est-à-dire, le taux de sortie maximum pour un crédit ne dépassent pas les 13,65 %, les organismes du micro-crédit pratiquent, elles, un TEG de 45%, selon les chiffres de Planet Rating, organisme relevant de Planet Finance. À titre d'exemple, la fondation Zakoura Micro-crédits a appliqué de 1999 à 2001 un TEG de 45 % contre un rendement du portefeuille de 41 %. Les opérateurs justifient ces taux par le souci de préserver leur équilibre financier et la nature risquée de la population-cible. Sur le terrain, le taux de remboursement dépasse les 90 %. À méditer.