Seules une lutte conjointe, une réelle coopération dans le domaine du co-développement et l'établissement d'un système d'immigration organisée par les gouvernements du Maroc et de l'Espagne est susceptible d'atténuer la gravité du problème… Le problème de l'immigration clandestine est l'un des sujets de préoccupation majeure de la société politique espagnole. La lutte contre ce phénomène et ses répercussions sur les relations de ce pays avec ses voisins et ses partenaires, d'un côté, et les exigences sociales et économiques, d'un autre, rend difficile la mission du gouvernement de Madrid vu la complexité et la diversité des contraintes à ce sujet. Ainsi, dans sa lutte contre l'immigration clandestine, l'exécutif espagnol doit faire face à deux principales obligations. D'abord, il doit appliquer les normes européennes en matière d'immigration et les accords de Schengen qui font de lui l'un des remparts contre "l'intrusion" en territoire européen des clandestins. En deuxième lieu, il est tenu de forger des liens de bon voisinage et d'amitié avec son voisin du sud qu'est le Maroc qui est de plus en plus utilisé comme un pays de transit vers l'eldorado européen par les immigrés clandestins sub-Sahariens.Mais, il faut savoir que cette mission de bouclier de l'Europe n'est pas seulement une charge pour Madrid. Elle est aussi une source de développement et d'enrichissement. Car, l'Union Européenne subventionne financièrement les moyens de lutte contre l'immigration clandestine et attribue à l'Espagne, chaque année, un budget spécialement réservé à faire face aux flux migratoires clandestins. À cet effet, il suffit de rappeler le système ultra-sophistiqué de contrôle du détroit qui a coûté des sommes colossales à l'UE. D'un autre côté, il est évident que le dossier de l'immigration clandestine est aussi utilisé comme une carte de pression sur le Maroc. À chaque fois qu'un différend oppose les deux pays, l'Espagne affiche les accusations contre le Maroc. Or, il est une évidence que, dans le trafic lié à l'immigration clandestine, les réseaux sont généralement composés de Marocains et d'Espagnols. Et ce sont généralement les trafiquants espagnols qui dirigent les réseaux et y investissent les moyens matériels les plus sophistiqués : vedettes rapides , zodiacs et même des yachts comme ce fût le cas dans l'affaire des immigrés clandestins victimes de l'incendie du commissariat de Malaga. Mais, dernièrement, le gouvernement espagnol semble avoir compris que la meilleure manière de lutter contre ce problème est basée sur une meilleure coopération avec le Maroc. Une coopération qui devrait être basée sur trois axes principaux. D'abord, il est impératif que Madrid fasse plus d'efforts en matière de co-développement avec le Maroc. D'un autre côté, il faut que les deux gouvernements mettent sur place un système de coordination de lutte conjointe contre les réseaux qui s'adonnent à ce trafic d'êtres humains. Enfin, il est urgent de mettre en application les mécanismes d'immigration organisée du Maroc vers l'Espagne via des départs de contingents d'ouvriers marocains selon les besoins espagnols. Le problème est certes complexe, mais une bonne volonté de la part des gouvernements marocain et espagnol peut conduire à une réduction de la dimension dangereuse que ce phénomène est en train de prendre.