Le fondateur et éditorialiste de l'hebdomadaire « Le Point » a qualifié l'Islam de religion débile. Après les réactions d'indignations suscitées par ses propos, l'intéressé persiste et signe, offensant de la sorte plus d'un milliard de Musulmans dans leurs croyances intimes. “Insulte l'Islam et tu deviendras célèbre”. Ce onzième commandement des temps modernes est en train de faire des prosélytes aux quatre coins de la planète. Après l'écrivain français Michel Houellebecq qui a déclaré : “La religion la plus con, c'est quand même l'Islam”. Après l'écrivain bengali Taslima Nasreen qui a fait de la lutte contre l'Islam son fonds de commerce. Après l'Italienne Oriana Fallaci qui a haussé l'humiliation du Musulman au rang d'un genre littéraire, c'est au tour de Claude Imbert de proférer des propos injurieux sur l'Islam et ceux qui y croient. Le fondateur et éditorialiste de l'hebdomadaire “Le Point” s'est declaré “islamophobe”, vendredi dernier sur la chaîne LCI. La revendication publique ce qu'on nomme avec un terme très mou “Islamophobie” est claire : « J'ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l'Islam – je dis bien l'Islam, je ne parle même pas des islamistes – en tant que religion apporte une débilité d'archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme, et en plus un souci de supplanter la loi des Etats par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe (…) Il n'y a aucune raison, sous le prétexte de la tolérance, (…) de s'abaisser jusqu'à renier des convictions profondes». La déclaration est frontale, claire. Elle répond parfaitement à la logique de la surenchère des pourfendeurs de l'Islam. Car, cette fois-ci, le fondateur du “Point” ne se contente pas de critiquer certains pratiquants de l'Islam – les islamistes ou Musulmans, c'est selon –, mais s'attaque à la religion elle-même dont il proclame la teneur crétinisante. Et le milliard de musulmans ? Sans doute, tous des crétins ! Donc, nul intérêt à se livrer à des exégèses sur le texte et à dénoncer les interprétations excessives des intégristes. Il n'y a pas de brebis galeuses en Islam, le troupeau entier souffre d'une débilité de foi. Les fondements de cette religion sont “archaïques”, et ceux qui y croient de pauvres inadaptés qui ralentissent la marche de la Terre vers la modernité. Bien entendu, la charge de Claude Imbert n'est pas passée inaperçue. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a dénoncé des “propos blessants” et d'une “extrême dangerosité”. Le Conseil des démocrates musulmans de France s'est dit “consterné”. Lundi, un collectif contre l'islamophobie en France s'est rassemblé devant le siège de l'hebdomadaire. Le Parti socialiste (PS) a “condamné fermement de telles déclarations qui consistent à stigmatiser une religion et ceux qui la pratiquent”. M. Imbert ne s'émeut pas de ces réactions. Il signe et persiste, estimant “ne pas avoir d'excuses publiques à faire à la communauté musulmane de France”. Il n'en pas à faire aux autres musulmans de la terre. Il a expliqué que l'Islam “s'était calcifié” depuis le 13e siècle et avait jeté sur les peuples une “sorte de camisole”, de “carcan”. La déclaration de Claude Imbert sur LCI, qui pouvait laisser croire à une boutade ou des propos d'humeur, était donc réfléchie. C'est une profession de foi haineuse. Il ne s'agit pas de faire le procès à Claude Imbert de ne pas penser grand bien de l'Islam. Chacun est libre de penser ce qu'il veut de l'Islam. Chacun est également souverain d'y croire ou non. Mais cette opinion est une affaire d'individus et ne peut être claironnée sur une chaîne de télévision. On ne peut pas cracher publiquement sur une religion, autrement on crache aussi sur ceux qui la considèrent comme le fondement de leur identité. Il y a une responsabilité à engager en tenant des propos orduriers sur une religion. Claude Imbert est irresponsable. En revendiquant ses convictions, il apporte de l'eau au moulin de ceux qui montrent du doigt le projet d'une conspiration contre l'Islam. Il attise les haines et exacerbe les sentiments religieux, de façon gratuite. Car quel courage y'a-t-il à revendiquer une haine de l'Islam ? Que l'on n'appelle surtout pas à l'esprit de Voltaire ou de Diderot. Eux, ils raillaient leur religion, et non pas celle des autres. Et ils le faisaient à un moment où c'était dangereux de le faire, parce qu'ils s'exposaient aux représailles du bon Clergé. Si débat autour de l'Islam, il doit y avoir, il ne peut être conduit que par ceux qui vivent en terre d'Islam. Les propos des Occidentaux et Occidentalisés sont non situés. Ils sont de surcroît ressentis par les musulmans comme des charges ennemies, et provoquent seulement des contre-offensives. La déclaration haineuse de Claude Imbert prospère. Franz-Olivier Giesbert, directeur du «Point», défend son patron dans la page d'accueil du site de l'hebdomadaire (www.lepoint.fr). Après avoir dénoncé les « dévots de la bien-pensance », il en appelle à la liberté d'expression pour justifier l'offensive de son patron. « Il est désormais obligatoire de penser unique, le petit doigt sur la couture du pantalon, en évitant de prononcer certains mots qui déclenchent aussitôt les foudres des agents de la circulation idéologique », écrit-il. Quelle liberté y'a-t-il à insulter les croyances religieuses de plus d'un milliard de personnes ? Et faut-il absolument tout dire pour ne pas penser unique ? En se prononçant pour le tout-dire, on quitte le domaine de la pensée pour celui de la logorrhée. Et si l'on ne savait plus se retenir ? Il n'y aurait qu'un petit pas à faire pour dire qu'avec son double menton, la dinde Imbert se meut dans le domaine du glouglou ou pire : celui de la diarrhée.