Le malaise social est perceptible au Maroc. Un pôle social au gouvernement, dorénavant opérationnel, vient de présenter son plan d'action pour l'année en cours. Un plan, c'est le moins qu'on puisse dire, très ambitieux ! Plusieurs sont ceux qui trouvent que rien ne va plus au Maroc. En effet, les écoles produisent des chômeurs, le monde rural souffre de l'enclavement, les ruraux assiègent les villes, l'habitat insalubre ravage les cités, la mendicité va crescendo, etc. Au bout du compte, c'est un véritable discours noir et défaitiste qui prend de l'ampleur. Ceci est bien plus grave que cette réalité amère que vivent les Marocains. Cette réalité doit être prise en charge partant d'un constat global et unifié. C'est ce qui est en train de se faire chez le pôle social au gouvernement. En tout cas, c'est ce qui vient d'être déclaré par Abderrahim Harouchi, ministre du Développement social, par Yasmina Baddou, secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de l'Enfance, par Mohamed Talbi, directeur de l'Entraide nationale et par l'Agence de Développement social. La mobilisation est, somme toute, générale et les objectifs convergent tous vers la réhabilitation du citoyen marocain dans ses droits. Abderrahim Harouchi part d'un constat simple, à savoir qu'un peu plus de la moitié du budget de l'Etat est consacrée à des secteurs sociaux. L'«argent» est donc dégagé par le gouvernement et est orienté via le sociétal ; encore faut-il en faire bon usage. Selon le ministre du Développement social, ceci est parfaitement possible et réalisable. Le plan d'action 2005 présenté par le ministre est une sorte de diagnostic de la situation actuelle qui prend en compte tous les intervenants notamment la société civile par le biais des associations. C'est aussi, selon Abderrahim Harouchi, une nouvelle vision du pôle social. «Les actions de développement social menées jusqu'à présent sont entravées par un émiettement et une dispersion des acteurs et des programmes et ne s'inscrivent pas toujours dans une stratégie globale», explique-t-il. Le ministre avance aussi de nouveaux concepts comme le DD (développement durable), le DHD (développement humain durable) ou encore les AGR (activités génératrices de revenus). Si le premier concept se base sur le respect de l'environnement et la préservation des ressources, le second présente la pauvreté comme une privation de capacités et de chances et non plus comme une «insuffisance monétaire». Le plan d'action 2005 du pôle social intègre aussi un programme social de proximité. Il y est question d'exactement 1.815 projets de développement social, soit l'équivalent de 321 millions de DH. Le plan prévoit aussi la création de structures sociales, telles que les Maisons du Citoyen, les crèches et garderies ainsi que les classes d'enseignement préscolaire. Pour le ministre, il est essentiel de suivre l'évolution de la société marocaine en la dotant de structures similaires. Les objectifs pour 2005 sont la création de 50 Maisons du Citoyen à travers le Maroc, la construction de 200 crèches (dans le cadre du programme «1 crèche, 1 commune») et l'ouverture de 100 classes d'enseignement préscolaire. S'agissant de la mendicité, le ministre fait bien la part des choses : il veut lutter contre la mendicité professionnelle et intégrer les personnes qui mendient pour survivre. Voilà un vaste chantier qui peut d'essouffler ! En procédant à ce grand «nettoyage», Abderrahim Harouchi n'omet pas de commencer par le commencement : nettoyer le pôle social afin d'optimiser ses ressources. Ceci est prévu dans ce même plan qui veut mettre en place un nouvel organigramme du ministère. Ce dernier aura du pain sur la planche !