Jeudi 10 février restera une journée historique dans l'histoire de l'Arabie saoudite : des élections démocratiques sont organisées dans ce pays fortement conservateur. Les premières élections municipales partielles sont considérées, aussi bien par les autorités que par la communauté internationale, comme une première étape dans l'évolution du processus démocratique en Arabie saoudite. Jeudi 10 février, les Saoudiens ont été appelés aux urnes pour élire la moitié des membres de 38 Conseils municipaux dans la province de Riyad, l'autre moitié sera désignée par les autorités, mais, dont le pouvoir sera largement limité. Les 200 bureaux de vote se sont ouverts à 08h00 du matin heure locale (05h00 GMT) dans la capitale saoudienne Riyad et ont fermé à17h00 (14h00 GMT). À l'ouverture du scrutin, les électeurs étaient peu nombreux mais vers la mi-journée, leur nombre a nettement augumenté. Une dizaine d'hommes attendaient ainsi patiemment leur tour en file indienne dans le bureau de vote du quartier de Malaz en centre-ville, alors que d'autres étaient assis sur des chaises. La majorité ne cachaient pas qu'ils vivaient un moment important, voire historique. "Je suis heureux parce que c'est un commencement", a affirmé en fin de matinée Abdelkarim al-Soubaëhi, homme d'affaires de 43 ans, alors qu'il examinait les listes de candidats de son quartier pour choisir les sept pour lesquels il allait voter. C'est la première fois que les Saoudiens se trouvent dans des bureaux de vote pour choisir ceux, les meilleurs pour eux, qui vont veiller sur le bon déroulement des affaires de leur municipalité. Une procédure, devenue banale dans la plupart des pays du monde, constitue une révolution sans précédent pour les Saoudiens. En revanche, les femmes sont totalement exclues du scrutin. La plupart des électeurs semblent favorables pour la participation des femmes dans les élections mais parfois avec quelques restrictions. Les élections, qui ont eu lieu ont trois phases, se poursuivront le 3 mars dans les provinces de l'Est et du Sud du pays et le 21 avril dans les provinces de l'Ouest et du Nord. Dans la province de la capitale, plus de 1.800 candidats, hommes d'affaires, chefs de tribus et universitaires, se sont disputés 200 sièges municipaux. Il y a 646 candidats pour sept sièges à pourvoir dans les sept districts que compte la capitale. Chaque électeur a le droit de choisir un seul candidat par district. Le vote a été ouvert devant les hommes d'au moins 21 ans à l'exception des militaires. Mais il faut noter que sur les 470.000 électeurs potentiels, quelque 149.000 seulement ont été inscrits sur les listes électorales, c'est-à-dire moins de 30% des électeurs. Un chiffre qui reste très faible alors que la capitale Riyad compte dans les environs de quatre millions d'habitants. À la fin des élections,178 Conseils municipaux seront élus dans tout le pays. Côtés réactions, les opposants au régime saoudien estiment que ces élections ne représentent qu'un changement de façade alors que la monarchie est confrontée à des violences d'extrémistes islamistes qui lui reprochent ses liens avec les Etats-Unis. Alors que pour d'autres, c'est un grand pas qu'il ne faut en aucun moment sous-estimer : "Il nous a fallu du temps pour en arriver là, mais nous avons franchi la barrière psychologique selon laquelle nous avions un problème avec les urnes", se réjouit Souleimane Enezi, un universitaire, en levant ses bras après avoir déposé son bulletin dans l'urne.