Casablanca. Un inspecteur de police a engagé un électricien et deux chômeurs qui se faisaient passer pour des policiers, afin de racketter les trafiquants de drogue. Mohamed, quarante-neuf ans, était chez lui, quand il a entendu des coups violents à la porte. Il a sursauté de sa place. En tremblant, il est sorti de sa chambre et s'est dirigé vers la porte. En ouvrant la porte, il s'est retrouvé nez à nez avec un jeune homme qui l'a poussé rudement à l'intérieur et est rentré en criant : «Où dissimules-tu le haschich ? ». Trois autres jeunes hommes l'ont suivi en courant. Fouillant les chambres, ils mettent les meubles sens dessus-dessous, cherchent à droite et à gauche. Qui sont-ils ? « Brigade anti-stupéfiant », se présente devant lui M.T, un jeune policier de trente-cinq ans. Tout cela sans lui décliner ni sa carte, ni une autorisation du procureur du Roi attestant qu'ils ont été sollicités légalement pour perquisitionner sa demeure. « Nous avons des informations faisant état que tu es trafiquant de drogue et que tu dissimules des quantité de haschich chez toi », lui dit le policier qui a fini par lui décliner sa carte de travail attestant qu'il bel et bien policier. Et les trois autres jeunes hommes, sont-ils des policiers ? Mohamed n'en sait rien et ne pense pas un seul instant à s'en assurer. Il s'est contenté de savoir que la première personne qui s'est présenté devant lui est bien un policier. Un quart d'heure plus tard, l'un des trois autres jeunes hommes est venu hâtivement vers M.T. « Je l'ai trouvé », lui dit-il tout en lui remettant quelques morceaux de haschich. « C'est quoi ça ? Du haschich ? Nous avions des informations faisant état que tu es un trafiquant de drogue notoire », lui réitère le policier. Mohamed lui a expliqué qu'il n'est que consommateur et non pas trafiquant. « Je suis un marchand ambulant », explique-t-il au policier tout en le suppliant de lui pardonner pour cette fois-ci, promettant qu'il ne recommencerait plus. Le policier, M.T, lui a méchamment répondu qu'ils ne pouvaient rien lui pardonner, surtout que le procureur du Roi était au courant. En lui demandant de patienter, Mohamed a disparu quelques instants pour revenir avec une liasse de billets de banque, représentant la coquette somme de trois mille dirhams. « C'est quoi ça? » lui demande le policier, M.T. Mohamed lui répond qu'il ne s'agit que d'un acompte et qu'il allait lui remettre le reliquat de deux mille dirhams le lendemain. Le policiers et les trois autres jeunes hommes ont quitté la demeure de Mohamed avec les trois mille dirhams en poche et la quantité saisie de haschich et sont monté à bord d'une Mercedes 190 pour démarrer à vive allure. Le lendemain, l'un des trois jeunes hommes a rencontré Mohamed près du siège d'une banque située au boulevard Ali Yata, et ce afin de percevoir le reliquat. Quelques jours plus tard, ils ont croisé Mohamed dans une ruelle de Hay Mohammedi, lui ont réclamé une somme d'argent. Mohamed la leur a versé. Depuis, ils le cherchent partout pour toucher de l'argent. Las de ces extorsions, Mohamed s'est dirigé un jour vers le commissariat de police du 35ème arrondissement, à Dar Lamane, Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ. Les limiers ont noté sa plainte et lui ont promis qu'ils ne ménageraient aucun effort pour tirer les choses au clair. Avec l'aide du plaignant, ils sont arrivés à arrêter M.T qui s'apprêtait à recevoir un pot-de-vin de mille dirhams. Ils l'ont épinglé et l'ont conduit au commissariat. Alerté, le procureur du Roi, leur a donné ses instructions pour mener légalement leur enquête. Il s'est avéré que M.T est réellement un inspecteur de police qui a engagé les trois jeunes hommes, un électricien et deux chômeurs, pour jouer le rôle de policiers en mission afin de racketter principalement les dealers. La voiture, de marque Mercedes 190, appartient à un fellah. L'inspecteur de police en cause, l'électricien, les deux chômeurs et le fellah ont été traduits devant le tribunal de première instance de Casablanca, poursuivis pour escroquerie, violation de domicile, extorsion de fonds et corruption.