En tournée dans les villes du sahara marocain, le président de l'Instance Equité et Réconciliation a annoncé l'ouverture de 40 centres pour recueillir les témoignages des personnes touchées par les années de plomb. Après Dakhla et Laâyoune, le tour est à Guelmim, Tan Tan, Assa Zag et Tata d'accueillir la délégation de l'Instance Equité et Réconciliation, en tournée depuis la semaine dernière dans les provinces du Sud. Cette fois, pour des rencontres avec les nombreux élus et représentants de la société civile de ces provinces. Parallèlement au déroulement des audiences publiques, dont la dernière séance en date s'est tenue dimanche 6 février à Khénifra, l'IER se veut également un outil d'engager un dialogue. Un dialogue portant aussi bien sur les violations passées des droits de l'Homme que sur les moyens d'éviter que de tels actes se reproduisent, en passant par la réparation des préjudices subis. C'est en tout cas ce que Driss Benzekri, président de l'Instance, a souligné lors d'une rencontre tenue lundi à Guelmim. Considérant que «la transition démocratique, la réconciliation et la résolution des dossiers ayant trait aux droits de l'Homme comme étant une affaire sociétale», l'IER, par la voix de Benzekri et dans des propos relayés par la MAP, a appelé chercheurs, professeurs et responsables à proposer dans ce sens des suggestions relatives à «la législation, aux lois, méthodes de gestion, programmes éducatifs et à l'enracinement de la culture de citoyenneté, de la pensée libre et de la tolérance pour contribuer à la formation de générations immunisées contre toute forme de violation». Des suggestions qui pourraient être débattues dans le cadre d'ateliers de travail, a indiqué Chawki Benyoub, membre de l'IER, ajoutant que la réparation des préjudices comprend, outre le recherche de vérité et l'indemnisation matérielle et morale, l'intégration sociale, l'assistance sanitaire et le règlement de la situation des victimes. La visite de Guelmim donne suite à celle effectuée par la même délégation, samedi 5 février, à Laâyoune. L'occasion pour la délégation de souligner qu'outre la réparation des préjudices individuels et collectifs causés aux victimes, l'Instance réalise une étude historique, en collaboration avec des spécialistes, s'appuyant sur des témoignages des victimes sur cette étape importante de l'histoire du Maroc. Dans cette perspective, quelque 40 centres seront ouverts dans nos provinces du Sud pour accueillir les personnes concernées et compléter les informations concernant les dossiers des victimes des violations passées des droits de l'Homme de ces régions. L'IER s'attellera également, à travers la proposition de projets socio-économiques, à contribuer à la promotion de certaines régions. Et pour cause, au-delà des préjudices individuels et collectifs subies par de larges franges de la société marocaines, des régions entières ont fait les frais de l'aveugle oppression qui régnait autrefois. Les témoignages de Khénifra renseignent à plus d'un titre sur cet état de fait. À noter qu'à Laâyoune, l'Instance a procédé, tôt dans la matinée d'hier mardi, à l'évacuation de deux des victimes des violations passées de droits de l'homme, à bord d'un avion ambulance, à destination de Rabat pour y subir des soins. Intervenant également le traitement des cas sanitaires urgent et disposant d'un staff médical chargé du suivi des dossiers médicaux, avec un accord de partenariat avec le ministère de la santé, l'IER a pris en charge une quarantaine d'initiatives dans ce sens, dont des opérations chirurgicales, de dialyse, ainsi que d'autres opérations.