La 22ème édition du célébrissime événement de la haute couture, qui s'est tenue samedi à Marrakech, a fait sensation non seulement de par le défilé des tenues conçues par les stylistes mais aussi de par les tableaux artistiques présentés. Après l'ouverture du show par la chanteuse marocaine Asmae Lamnawar, c'était autour des créatrices participantes de laisser libre cours à leurs œuvres majoritairement garnies de parures brillantes et en couleurs différentes sur le podium et des chorégraphes d'impressionner le public. Un départ de l'empire des Pharaons C'est la collection de la styliste Amina Boussayri qui a ouvert le bal du défilé des caftans sur fond de toiles égyptiennes. Cette créatrice, inspirée par les styles andalous, a créé un rapport, dans sa collection, entre ceux-ci et le caractère marocain du caftan ainsi que les touches du pays des Pharaons. A leur tour, les créatrices, Zineb Lyoubi Idrissi et Samira Mhaidi Knouzi ont fait escale chez les ethnies égyptiennes. Chacune ayant son style différent en termes de couleurs et de parures. Après quoi, cette première partie a été couronnée par un tableau artistique de vikings et un autre interprété par des artistes issus de notre continent. L'Afrique la magnifique Dès que les chorégraphes africains ont commencé leur show, le public n'a cessé d'exprimer ses appréciations. Deux jeunes spectateurs installés près d'ALM se sont dits : «C'est magnifique!». Par la suite, c'était autour des créations de Meryem Belkhayat de faire leur apparition sur le podium. Sa collection qu'elle qualifie «du ton sur ton» est composée d'une première tenue noire. Elle a, selon ses dires, mis un assortiment de couleurs en mosaïque. «J'interprète l'Afrique chic», exalte-t-elle. La styliste, issue d'une famille d'artistes, précise être restée dans des motifs «géométriques». Meryem Belkhayat, connue également pour les couleurs unies avec broderies, a présenté lors du défilé des caftans dont la majorité est composée de jupes avec des traînes, un pantalon et une cape. «Ce sont de nouveaux détails par rapport à mes collections précédentes», enchaîne-t-elle. A propos du thème des ethnies choisi pour célébrer le caftan dans tous ses états, la styliste estime que celui-ci est délicat, voire difficile; il exige des recherches «sans tomber dans un thème folklorique». A ses yeux, l'ethnie est de plus un mélange d'un feu d'artifice de couleurs. «J'ai préféré rester dans l'Afrique en la célébrant tout simplement», poursuit-elle. A propos du caractère ethnique du caftan marocain, elle estime que celui-ci est «resté dans son authenticité et son artisanat». Dans ce sens, elle prend appui dans la conservation du caftan des traditions ancestrales comme les nœuds et la sfifa ainsi que les broderies faites à la main. «Le caftan marocain suit la mode internationale, nous essayons d'innover. Je ne pense pas qu'un styliste défigurera le caftan. Au contraire, nous devons l'embellir davantage», ajoute-t-elle. Outre cette créatrice, d'autres stylistes à l'instar de Nisrine Ezzaki Bakali et Bouchra Filali Ksikes se sont rendues chez les ethnies africaines. Un mélange d'ethnies Celle Indienne n'est pas en reste puisque les stylistes Meriem Bouafi, Mounia Amouri et Imane Tadlaoui Faouz se sont exprimées en tenues autour de cette ethnie. Le défilé de leurs collections ayant été accompagné de rythmes du fameux instrument indien, la cithare. Celui-ci a été suivi d'un tableau artistique néo-zélandais pour laisser libre cours aux créations assez innovantes. Des caftans en gaufrage et 3D C'est la styliste Mounia Adlouni qui fait dans ces techniques. Cette créatrice, qui trouve que le thème choisi est assez riche et diversifié, précise s'être inspirée de la dynastie «tsariste» qui a beaucoup de plus-value sur l'habit et les grosses broderies ainsi que les accessoires. «J'ai toujours été pour les grosses broderies et le travail bien élaboré et riche. Donc je me suis vite retrouvée dans ce thème et cette ethnie», poursuit-elle. Mounia Adlouni, qui indique avoir beaucoup voyagé dans sa vie et a été il y a longtemps à Kiev, précise avoir fait beaucoup de recherches pour ce thème. Ce sont des techniques nouvelles qui ne se font pas d'habitude dans le caftan qu'elle a introduites. «Il s'agit de la technique du gaufrage et de 3D outre la broderie. C'est une expérience de 15 ans que je voulais ajouter dans le caftan», détaille-t-elle. La styliste rappelle que la 3D et le gaufrage n'ont jamais existé dans le caftan au Maroc. Elle serait ainsi une pionnière dans ce sens. Le cachet de sa collection homogène, authentique et vintage étant, selon ses dires, «les grosses broderies». Ainsi, les tenues se sont succédé en passant par celles de Siham El Habti qui a également fait dans le thème africain avant de clôturer le show par le défilé des tenues de la créatrice de Salima Boussouni. Entre-temps, le tableau artistique des Ahwach a été fort apprécié par le public amazigh présent à l'événement. Cela étant, l'ensemble des tableaux artistiques ainsi que l'accompagnement musical des défilés fait l'objet d'un travail de composition important. Côté compositeur Rencontré en marge de l'événement, Hamid Daoussi indique que les ethnies renvoient à plusieurs cultures musicales et celles de l'habit. Comme le rappelle le compositeur, chaque ethnie, peuple et dynastie est connu pour certaines inspirations, innovations en musique et tenues. «C'est ainsi que nous avons des repères. Déjà l'équipe de caftan nous a préparé la base en nous parlant d'ethnies», enchaîne-t-il. Pour lui, ethnie veut dire folklore et instrument traditionnel. Au Maroc, il existe une grande richesse puisque «nous avons, selon ses dires, beaucoup de rythmiques et d'instruments. C'est le cas aussi à l'échelle internationale». «Le lien s'est également fait avec les stylistes. Certaines ont fait une touche africaine. Cela m'a aidé à m'orienter vers la musique du continent, des voix, des instruments comme la cora», ajoute le compositeur. Il rappelle également que le début du spectacle s'est fait avec le style amazigh parce que ce sont les premières populations qui ont vécu sur la terre du Maroc. Après quoi, il y a eu tous les styles, soit une touche gnaoua outre celle quasiment andalouse. «Nous avons pris un peu de tout», enchaîne-t-il. En détail, la démarche du compositeur consiste à exprimer une inspiration par le même style musical qui a sa propre personnalité en recourant aux instruments du pays dont l'ethnie est représentée. «J'ai composé une partie et j'ai remixé des musiques qui sont connues dans d'autres styles», précise Hamid Daoussi. Pour rappel, l'événement Caftan est associé à une bonne cause. Celle des enfants de SOS Villages. Dans ce sens, Zineb Taimouri, directrice de la publication du magazine Femmes du Maroc, organisateur de Caftan, a indiqué, vendredi lors d'une conférence de presse : «En marge de l'événement, nous organisons chaque année une opération spéciale pour une partie des enfants du village. Nous leur donnons la possibilité de s'approcher des stylistes et d'être au niveau du backstage».