A travers le débat national organisé autour des médicaments génériques au Maroc, le Collectif de défense et de promotion de ce type de médicaments vient de rendre publique une série de recommandations allant dans le sens d'élaborer une politique nationale de santé où les génériques, aussi efficaces que bon marché, auraient leur place. Le Collectif de défense et de promotion des médicaments génériques se mobilise. Ayant organisé un débat national sur l'avenir pour les médicaments génériques au Maroc après la 5ème conférence de l'OMC, le vendredi 24 octobre déjà à Rabat, le Collectif n'est pas sorti les mains vides. Les débats positivement houleux qui ont marqué cette journée ont eu, d'abord, pour mérite de mettre en commun les idées et positions des principaux acteurs concernés, à savoir, des ministères de la Santé, du Commerce extérieur, des Finances et de la Privatisation, ainsi que les industriels, des ONG, et de nombreux professionnels du secteur médical et pharmaceutique. Chose assez rare. Mais ce n'est pas tout, ce débat a également servi d'occasion pour ces acteurs de formuler un certain nombre de recommandations dont la synthèse vient d'être rendue publique. A commencer par l'urgence de défendre la souveraineté nationale en matière d'élaboration et d'exécution de la politique du médicament, face aux pressions réelles comme éventuelles que le Maroc affronte dans le cadre, notamment, des négociations avec les Etats-Unis dans la perspective d'un Accord de libre-échange. Ceci, en tenant compte des besoins de la population marocaine et, plus particulièrement, en matière de promotion de la fabrication locale des médicaments génériques. « Compte tenu de son aspect social et de son caractère stratégique dans la réalisation de politique nationale de santé, le médicament ne doit pas faire l'objet d'un quelconque compromis », tranche le Collectif. Dans ce sens, le gouvernement est appelé à se concerter avec les Représentants des malades que constituent les Associations agissant dans le domaine de la santé ainsi qu'avec les instances représentatives de l'industrie pharmaceutique nationale pour l'élaboration des positions marocaines. Et à les associer dans les négociations multilatérales ou bilatérales ayant un rapport avec le médicament. La législation marocaine en matière de médicaments et de produits pharmaceutiques n'est pas en reste. Le Collectif appelle à ce que le ministère de la Santé révise et réforme une législation nationale qui date d'une quarantaine d'années et qui s'illustre par son incohérence et ses limites afin de l'adapter au contexte et aux exigences contemporains. Et ce en y introduisant des dispositions d'encouragement de la production, de la prescription et de la consommation des médicaments génériques. L'instauration d'un répertoire des génériques est plus que jamais nécessaire. De par les opportunités qu'ils représentent pour garantir une meilleure accessibilité de la population aux médicaments, les génériques doivent également faire l'objet d'actions de sensibilisation de l'opinion publique et des professionnels de la santé sur les qualités et les avantages que représentent les génériques pour assurer un plus grand accès aux médicaments, abstraction faite du niveau socio-économique des citoyens. «Outre leur capacité à stimuler la concurrence, les médicaments génériques présentent l'avantage de justifier de prix accessibles à la majorité de la population. A ce titre, ils méritent une réglementation avantageuse en matière d'enregistrement et de livraison de l'Autorisation de mise sur le marché équivalente à ce qui est instauré dans les pays développés», ajoute-t-on au sein du Collectif. Un collectif dont l'ensemble des membres manifeste la volonté d'approfondir et de diversifier le débat national sur la place des médicaments génériques dans la réalisation de la politique nationale de santé. Les avantages des génériques et la prise de conscience des acteurs n'étant désormais plus à démontrer, un passage à des actions concrètes ne serait pas un luxe. D'autres pays en voie de développement l'ont déjà fait. Pourquoi pas nous ?