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Une civilisation qui meurt
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 20 - 12 - 2002

Quand nos villes sont administrées par une pseudo élite politique motivée par un esprit prédateur, ce sont des parcelles de notre souveraineté collective que l'on sous-traite à la pègre. Et quand, finalement, tout simplement, la loi n'est pas appliquée par ceux qui en ont la responsabilité, c'est l'État lui-même qui est frappé au cœur.
La faillite de nos villes signe la fin de tout projet de civilisation urbaine. Chez nous, la machine à créer de l'urbanité est cassée. Les inondations qui ont sévèrement frappé le pays ont démontré dans la violence, dans le dénuement et dans la douleur, l'absence totale de toute administration urbaine.
Tout le système institutionnel fondé sur le dahir de 1976 s'est effondré et a montré définitivement son incurie. Que font nos élus ? Où passent nos budgets ? Qui s'occupe de la quiétude des habitants ? Qui les protège contre les catastrophes qui, dans certains cas, étaient prévisibles ? Où sont nos ingénieurs ? Un flot de questions aussi crues les unes que les autres. En fait, les Marocains ont découvert qu'il n'y avait rien. Sauf des loueurs de zodiacs à 200 dirhams pour profiter d'une population qui a tout perdu. Des pillards. Des combinards. Des Islamistes organisés. Et de l'indigence à tous les niveaux. C'est ça la triste réalité.
Un pays qui n'a pas de projet urbain explicite, planifié, respecté n'a pas de projet du tout. Il ne peut produire ni de l'urbanité, ni de la civilité –encore moins du civisme – ni aucune forme de vie en commun paisible et créatrice. Quand on livre nos espaces urbains à des édiles corrompus, on leur livre en fait notre âme. Ils produisent assurément de l'insalubrité, de la relégation, de l'exclusion et des drames en cascades.
Quand nos villes sont administrées par une pseudo élite politique motivée par un esprit prédateur, ce sont des parcelles de notre souveraineté collective que l'on sous-traite à la pègre. Et quand, finalement, tout simplement, la loi n'est pas appliquée par ceux qui en ont la responsabilité, c'est l'État lui-même qui est frappé au cœur. Il ne peut plus prétendre au respect car il n'est plus respectable.
La démocratie, la liberté, l'État de droit ne signifient rien quand les règles de base de la vie collective ne sont pas correctement installées. Cela ne relève pas de l'analyse politique, non, c'est de l'évidence qu'il s'agit.
Après tout cela, on s'achemine vers de nouvelles élections communales, mais pour quel projet? Avec quel personnel politique local et quelle élite démocratique ? Quels partis ? Et quelle citoyenneté ? C'est effarant.
À la suite des drames que nous venons de vivre et que nous vivons encore, est-ce que les responsabilités ont été circonscrites ? Les responsables identifiés ? Des sanctions exemplaires prises ? Des conseils dissous ? Rien n'est venu montrer à une opinion publique choquée que l'on prend au sérieux son destin.
Pourquoi, pour forcer le trait, Lyautey avait un vrai projet urbain pour nos villes et pas nos édiles actuels ? Où se trouve la différence après quarante ans d'indépendance ? Qui faut-il le plus blâmer : le colonialiste visionnaire et porteur d'une idée de ville ou le prédateur mafieux qui sévit depuis des lustres? On peut réfléchir et débattre librement et raisonnablement, autant que l'on peut, sur cette question mais l'on se rendra rapidement compte que chez l'un il y avait quand même un projet et chez l'autre il n'y a rien. C'est ce rien qui est en question aujourd'hui. Et c'est ce rien qui, justement, crée désormais le malheur en toute indépendance.
L'on voit bien qu'à partir du moment où nos villes ne produisent plus ni culture, ni bien-être, ni lien social, ni sécurité, ni civilité, ni possibilité de vie harmonieuse en commun, ce sont les fondements mêmes d'une civilisation qui disparaissent. Celui-là, aussi, est un vrai enjeu pour notre pays. Un de plus.


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