Le régime de retraite des parlementaires commence à faire boule de neige au sein de la majorité. Et pour cause, les six partis de la majorité parlementaire n'arrivent toujours pas à trouver une position consensuelle sur ce dossier. En effet, le groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD) préfère faire cavalier seul en demandant la liquidation du régime. Une position qui tranche avec celle adoptée par les autres composantes de la majorité. Celles-ci se sont mises d'accord pour présenter une proposition de loi revoyant de fond en comble le fonctionnement du régime. «La solution proposée consiste à revoir à la hausse les cotisations des parlementaires et de réduire le montant de la pension allouée de 1.000 dirhams à 700 DH pour chaque année passée au Parlement tout en alignant l'âge de la retraite des parlementaires sur celui de la fonction publique, c'est-à-dire 63 ans», explique notre source. Niet! répond le groupe parlementaire du parti de la lampe pour qui la seule solution envisageable est la suppression pure et simple du régime à la fois pour la Chambre des représentants et celle des conseillers. «Nous avons pris part aux différentes réunions du bureau de la première Chambre consacrées au débat sur le régime de retraites et les pistes de solution. Cela dit, notre position est restée toujours la même sur ce dossier dont la seule issue ne peut être que la liquidation», apprend-on auprès des PJDistes. Ces derniers avaient publié un communiqué à l'issue d'une réunion du bureau de la première Chambre officialisant une nouvelle fois leur volonté de pousser vers la liquidation du régime. Il faut dire que le versement des retraites au profit des parlementaires concernés s'est arrêté depuis octobre 2017 pour l'ensemble des anciens élus sachant que ceux ayant pris leur retraite juste après les dernières élections n'avaient pas pu obtenir de pensions. Car le régime spécial des parlementaires géré depuis sa création par la CNRA (Caisse nationale de retraites et d'assurances) connaît des difficultés financières depuis quelques années déjà. En cause, la montée croissante du nombre des bénéficiaires face à une stagnation du nombre des cotisations versées chaque mois par les parlementaires. Cette situation a poussé l'organe gestionnaire à suspendre le versement des pensions en attendant de trouver une solution. Pour sa part, le gouvernement ne compte pas intervenir sur ce dossier. Le ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé des relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement avait récemment indiqué lors d'un point de presse à Rabat que l'Exécutif n'entendait pas intervenir sur ce dossier. Auparavant, le chef de gouvernement Saâd Eddine El Othmani avait fait une déclaration similaire. Reste à savoir si une issue sera trouvée sur ce dossier dans un avenir proche. Environ mille parlementaires retraités recevaient des pensions de la part de la CNRA. Des sources expliquent que ce point pourrait être inscrit à l'ordre du jour lors de la prochaine réunion de la majorité en présence des six chefs des partis membres, à savoir le PJD, le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union constitutionnelle (UC), le Mouvement populaire (MP), l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Pour sa part, la principale force d'opposition, à savoir le Parti authenticité et modernité (PAM) soutiendrait le plan de sauvetage proposé par les cinq partis de la majorité. A noter enfin que plusieurs propositions de lois soumises au Parlement ces dernières semaines avaient laissé paraître des divergences de taille entre les partis de la majorité. C'est le cas notamment pour la proposition de loi appelant à mettre un terme au cumul des salaires pour mandats électoraux ou encore le texte instituant un seuil pour les salaires des hauts fonctionnaires.