Pour le ministre de l'industrie, du commerce et de la mise à niveau de l'économie, Salah Eddine Mezouar, le secteur sucrier au Maroc vit, actuellement, une situation de non sens économique. Plusieurs aberrations sont à reconsidérer. ALM : Quelle est votre opinion sur les systèmes de production et de subvention actuels du sucre au Maroc ? Salah Eddine Mezouar : Il est désormais admis par l'ensemble de la filière sucrière que les systèmes actuels de production et de compensation du sucre au Maroc sont devenus aberrants. Il est grand temps de reprendre le processus de libéralisation là où il s'est arrêté en 1996. Nous comptons, conformément à la logique initiale, accélérer, progressivement, le rythme de libéralisation. Le coût du système actuel est lourd pour le budget de l'Etat. Nous tendons plus vers un système d'appui à l'agriculteur, lui assurant une rentabilité adéquate, mais nous sommes aussi tenus de restructurer l'outil de production actuel, du moins ce qu'il en reste, conformément aux règles du marché. Justement, pensez-vous qu'une production nationale est encore justifiée ? Bien évidemment, dans la mesure où le sucre reste un produit national de première nécessité. Nous nous devons dès lors être capables d'en produire mais à l'aide d'une technique et des plantations adéquates. Par contre, la question m'est souvent posée, pour le cadre global de la mise à niveau. Je préfère aborder la question sous l'angle de ce qui fait la différence entre nous et les autres. Y'a pas de raison qu'on enregistre un echec là où les autres réalisent un succès. Aussi, la question de compétitivité restet-elle posée aussi bien dans sa dimension nationale qu'internationale. Le travail à consentir est à mener de manière à ce qu'il n'y est plus de différenciation entre les deux. Selon cette approche, l'Etat se doit de réformer et l'industriel de consentir le travail de mise à niveau nécessaire. Par contre, le travail sur le marché intérieur est à mener de manière concertée d'autant plus qu'on a la même vision et l'atout de mieux connaître le terrain. Même s'il faut maintenir sous perfusion des pans entiers de cette activité ? Le secteur ne doit plus être sous perfusion, mais nous devons plutôt investir dans la modernisation des unités actuelles, comme je l'ai précisé, en conformité avec les règles du marché. Le secteur vit, actuellement, une situation de non sens économique. Les sommes consacrées à la compensation, un montant de 2 milliards de DH environ, doit être mis au service de la modernisation des unités avec comme priorité, plus de valeur ajoutée. La logique économique n'est, malheureusement, plus respectée. L'argent et les mesures d'accompagnement de la filière seront désormais administrés avec la logique d'investissement dans des sociétés, encore une fois, en phase avec les règles du marché. Les industries de transformation, utilisant le sucre comme matière de base, souffrent d'une concurrence déloyale de la part du produit étranger. qu'en pensez-vous ? J'estime que leurs doléances sont légitimes et justifiées. Il est grand temps de tendre vers le règlement de cette équation. Il faut remettre de l'ordre dans ce système qui manque de sens. Nous sommes d'ailleurs en train de travailler avec les différents représentants des secteurs concernés pour mettre en place le meilleur cadre d'accompagnement. Nous visons une meilleure anticipation du futur. Dans un contexte marqué par l'ouverture, des mesures d'accompagnement s'imposent. il faut savoir que le plafond maximum pour les droits de douanes serait de 20% à l'horizon de 2012. Dans ce sens, nous sommes décidés à mieux anticiper cet avenir proche, au travers notamment, de mesures transversales mais aussi spécifiques. Une démarche structurée est en cours de finalisation, en parfaite concertation avec les opérateurs. Un programme d'accompagnement, sur 3 à 5 ans, serait prévu.