Pour des relations pérennes de bon voisinage entre Rabat et Alger, il suffit d'un minimum de sincérité de la part de nos voisins. Un minium de respect des positions marocaines… Qu'est-ce qui peut séparer le Maroc et l'Algérie ? À priori tout les rapproche, les pousse à être solidaires. Sur le terrain, ce n'est pas le cas. Loin de là. On a l'impression que le processus de réconciliation est un vœu pieux et que les deux parties font tout pour maintenir le climat de suspicion et de méfiance entre eux. Les tentatives de réconciliation sont nombreuses. Et la rencontre entre feu S.M. Hassan II et le président algérien Chadli Benjedid à la fin des années 80 avait pour ambition de régler les différends et de permettre aux relations bilatérales et maghrébines d'aller de l'avant. La constitution de l'Union du Maghreb arabe, dont l'axe Rabat-Alger constitue la colonne vertébrale, s'inscrit dans cette vision malheureusement contrariée. Au fait, les tensions entre les deux pays, voisins, remontent aux années soixante. La guerre des sables en 1963 a cristallisé cette méfiance pouvant se transformer en guerre. L'arrivée de Houari Boumédienne, à la suite de son coup d'Etat contre Ahmed Ben Bella, en 1965, a exacerbé les frictions. Epaulé par un Abdelaziz Bouteflika, plus d'une décennie ministre des Affaires étrangères, actuel président algérien, l'ancien président avait monté son appareil sécuritaire autour de l'ancien patron de la SM, Sécurité militaire, Kasdi Merbah, et a vu l'ensemble des acteurs échapper à son contrôle. C'est ainsi que M. Boumédienne a renié ses engagements sur les frontières, conclus en 1974 avec le Maroc, et fomenté de toutes pièces l'affaire du Sahara, en connivence avec la Libye. Le discours algérien sur l'autodétermination des peuples battait son plein. Plus d'illusions que de principes. Et l'affaire du Sahara continue d'envenimer fortement les relations bilatérales. La mort de Boumédienne n'a pas arrangé les choses. Bien au contraire, la montée en puissance des militaires, affairistes de surcroît, a fait du problème du Sahara son fonds de commerce et sa raison d'être dans la mesure où les dépenses liées à l'armée allaient crescendo. M. Benjedid n'avait ni le profil, ni le poids pour s'y opposer et la guerre larvée déclarée au Maroc a suivi son cours, même au prix de centaines de milliers d'Algériens écrasés par l'armée lors de différentes manifestations pour une vie décente. Justement, pour avoir droit à une vie décente, les Algériens attendent le désengagement des militaires de l'affaire du Sahara qui a coûté des centaines de millions de dollars aux citoyens algériens. La manne pétrolière n'y peut rien face à un gouffre au nom de la solidarité internationale. C'est quand le dossier a été sérieusement pris en mains par les Nations Unies que le pouvoir d'Alger, les militaires en tête, ont entamé leur reculade. Le retour de Bouteflika, après une longue traversée du désert, a été l'œuvre de l'armée pour pouvoir masquer leurs défaillances en interne. L'ancien ministre des Affaires étrangères débarque dans un monde qui a évolué durant son absence et les réflexes d'il y a vingt ou trente ans ne peuvent lui être d'aucun secours. C'est dans cet état d'esprit que l'on comprend certaines tentatives actuelles du pouvoir algérien de se rapprocher du Maroc. L'aide algérienne au Maroc à la suite de l'incendie de la raffinerie de la Samir a été vivement saluée. Le geste royal après les inondations en Algérie marque une continuité de l'attitude marocaine vis-à-vis du peuple algérien. Mais tant que ce sont les militaires, autour du général Khalid Nezzar, qui tiennent le vrai pouvoir en Algérie et tant que le pouvoir civile ne fait que garantir la pérennité des intérêts des militaires, l'affaire Al Khalifa, en est l'illustration parfaite, les relations de l'Algérie avec le Maroc ne peuvent évoluer. On sera toujours à la merci des caprices des uns et de la soumission des autres. Militaires et civils algériens s'entend.