La session du conseil national de l'Istiqlal a offert aux membres de cette instance l'occasion de donner libre cours à leur exaspération devant les dirigeants du parti… Abbas El Fassi, qui cristallise les mécontentements, a tenté de rassurer les siens sans grand succès… C'est le premier conseil national que tient l'Istiqlal après la formation du nouveau gouvernement Jettou, en novembre dernier. La régularité observée dans la convocation des instances du parti est à saluer. L'Istiqlal, quels que soient les problèmes qu'il traverse, ne fait jamais l'impasse sur la rencontre avec ses militants. Secrétaire général du parti, Abbas El Fassi a présidé ce conseil les 14 et 15 décembre à Rabat qu'il a inauguré par un discours sur l'état de l'Istiqlal. “ Le parti a obtenu 48 sièges selon les résultats officiels, a expliqué l'orateur, et a confirmé sa forte présence sur la scène politique ainsi que son poids dans la majorité des provinces“. L'allocution de M. El Fassi, qu'il voulait rassurante et lénifiante, n'était pas de nature à éteindre les feux de la critique. À tour de rôle, les membres du conseil national ont exprimé chacun qui son exaspération, qui ses griefs qui sa déception…Il fallait s'y attendre. En gros, les intervenants ont dit tout haut ce que tout le monde, au sein du parti pensait jusqu'ici tout bas. Dénonciation d'une participation au rabais du parti au gouvernement et absence de critères valables pour le choix des ministres. Du coup, le secrétaire général s'est retrouvé dans le banc des accusés. “ Un parti comme le nôtre mérite le poste de Premier ministre ou rien“, déclare un militant en colère, allusion claire au portefeuille de ministre d'État sans portefeuille accepté par Abbas El Fassi. Celui-ci nourrissait l'ambition de conduire le gouvernement dans une compétition acharnée avec l'USFP avant que S.M. le Roi ne confie la primature à Driss Jettou… De ministre de l'Emploi et de la Solidarité dans le cabinet Youssoufi remanié en septembre 2000, le leader de l'Istiqlal a été ravalé au rang de ministre sans prérogatives…Quel est le sens profond renfermé par une telle nomination ? L'intéressé, qui a aggravé son cas par le fameux scandale des 30.000 emplois fictifs, a beau se défendre en arguant qu'un ministre d'État arrive en deuxième position dans l'ordre protocolaire après le Premier ministre, cela ne convainc pas grand monde… Une chose est sûre : un membre du gouvernement sans attributions, ni moyens d'actions, ça doit être frustrant… Quand Abbas El Fassi répond aux questions des siens en souriant, il se trahit en donnant à voir sa gêne… Malgré l'exutoire censé être offert par la réunion du conseil national, la gronde ne s'est pas estompée. L'ambiance qui a prévalu à cette occasion annonce la couleur du prochain congrès du parti prévu en mars 2003. Assis à la tribune où sont alignés les membres du Comité central aux côtés de Abbas El Fassi, M'Hamed Douiri est songeur…Peut-être que le malaise qui traverse actuellement le parti lui donne matière à affûter ses armes et à préparer son entrée en lice…