«Nous passons de l'enfance à la vieillesse sans passer par la jeunesse» Ces propos qui m'ont été tenus la semaine dernière par Adil Choukaïri, jeune militant associatif-membre de «Oxyjeunes» dans le quartier Oulfa, m'ont beaucoup marqué. «Nous passons de l'enfance à la vieillesse sans passer par la jeunesse» Ces propos qui m'ont été tenus la semaine dernière par Adil Choukaïri, jeune militant associatif-membre de «Oxyjeunes» dans le quartier Oulfa, m'ont beaucoup marqué. En une phrase, ce jeune homme venait de résumer l'état d'esprit de toute une jeunesse. Mieux que ne l'auraient fait colloques, débats et discours, aussi talentueux soient-ils. De façon discrète et raccourcie, il décrivait le mal-être et le mal-vivre de toute une génération. Aveu terrible mais aussi désaveu terrible, car à partir de ce constat ainsi énoncé il nous revient à tous de réfléchir à ce qui a pu se passer ; à ce qui a pu faire que la jeunesse marocaine ait le sentiment, la certitude, de ne pas vivre sa jeunesse. Or justement, le jeune prépare l'adulte qu'il sera plus tard. En «sautant» une étape de sa vie le jeune Marocain est ainsi amputé La responsabilité est ici très largement collective, qui va des enseignants en passant par les élus, sans exempter ceux qui ont vocation à agir dans les domaines culturels, sportifs, associatifs, ni-même les parents. Sans faire de quiconque un bouc émissaire, il nous faut réfléchir à ce que nous avons collectivement raté en la matière. Et surtout il nous faut réfléchir à ce qu ‘il nous faut faire pour y remédier. Permettre à une jeunesse de vivre sa jeunesse, à un jeune d'être jeune nécessite certes une volonté politique mais aussi l'impulsion d'un nouvel état d'esprit, la mise en place d'infrastructures mais aussi, et peut-être avant tout, que l'on sollicite leur avis, que l'on s'inquiète de leurs besoins, de leurs désirs et surtout que l'on prenne le soin de les associer aux prises de responsabilité, aux décisions qui les concernent. Cela peut-être par le biais de «Conseils de jeunes» auprès des gouverneurs, par une ouverture plus grande des médias à la réflexion sur cette jeunesse et à sa prise de parole, mais aussi par le développement du mouvement associatif chez ces jeunes. Lorsqu'une jeunesse est malade, c'est toute la société qui souffre, or la nôtre souffre visiblement de ses «hittistes», de ses victimes des pateras, de ses sniffeurs de solution etc…. Bien évidemment la chronique que je vous propose aujourd'hui paraît bien noire, mais cela est volontaire : je traiterai prochainement de tous ces jeunes qui s'en sortent et tracent la voie. J'ai voulu ici mettre en exergue cette terrible constatation d'un jeune Marocain «nous passons de l'enfance à la vieillesse sans passer par la jeunesse».