La session d'automne de l'Académie du Royaume, ouverte depuis lundi, est consacrée aux phénomènes liés aux guerres et conflits civils. Les phénomènes liés aux guerres et conflits civils dans nombre de pays, notamment en Asie, en Afrique et en Europe centrale, ont été au centre des travaux de la session d'automne 2002 de l'Académie du Royaume du Maroc. Une session qui s'est distinguée par la nomination, par S.M. Mohammed VI, du sociologue Rahma Bourquia, présidente de l'Université Hassan II de Mohammédia. Un geste qui survient dans le sens de la consolidation du rôle de la femme dans le développement culturel, politique, social et économique du pays et qui coïncide, par pur hasard, avec le 54 ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Cela dit, lors de cette session, les intervenants ont mis l'accent sur les différents aspects relatifs aux guerres civiles dont ils ont analysé les causes et les répercussions sur le processus du développement dans les pays les plus affectés. L'expert Jean-louis Arcand, membre de l'Académie du Royaume, a présenté une étude statistique sur les guerres civiles et les conflits entre gouvernements et mouvements de rébellion. Il a axé son exposé sur les facteurs économiques qui sont derrière ces conflits et sur l'impact du soutien étranger sur leur déclenchement. Se basant sur des études effectuées dans 100 pays, l'intervenant a attribué les causes des guerres civiles à plusieurs facteurs dont la pauvreté, la surpopulation et la fragilité de la démocratie dans ces pays, estimant que la réalisation du développement économique est le meilleur moyen d'épargner le danger d'une guerre civile. Traitant du thème «le terrorisme et les guerres locales en Europe Centrale», Otto de Habsbourg, membre de l'Académie du Royaume, a fait remarquer que l'éclipse des religions en Europe centrale est l'une des causes directes du déclenchement des guerres civiles. Il a estimé que la paix imposée par la force n'est pas en mesure de garantir la sécurité, citant à titre d'exemples la Tchéchénie, la Bosnie et le Kosovo. Pour sa part, M. Sahabzada Yaqub Khan a abordé la situation en en Afghanistan depuis l'invasion soviétique en 1979 qui a, a-t-il dit, a abouti à la destruction des institutions nationales dans ce pays et engendré des problèmes démographiques liés à la migration massive des populations. L'intervenant a établi un lien entre le mouvement des Talibans et les événements du 11 septembre qui, selon lui, ont démontré que "le terrorisme commence à menacer la civilisation dans sa totalité" et que l'Afghanistan, livré à son propre destin, a besoin d'un soutien international afin de pouvoir renforcer ses infrastructures et réaliser le développement. De son côté, sous le thème «caractéristiques des guerres et des conflits armés, et leurs conséquences», le Pr. Abdelhadi Boutaleb a appelé à éviter les stéréotypes qualifiant l'Afrique de «foyer de guerres». Il serait possible, selon lui, de faire désormais la distinction entre deux sous-continents africains, l'un croupissant sous la pauvreté, l'instabilité et le sous-développement, et l'autre s'engageant sur la voie du développement et de la modernité. Dans un exposé d'introduction, dans le cadre de cette session qui se tient sous le thème «les guerres locales et régionales et leurs conséquences sur le développement, la civilisation et la paix dans le monde», le journaliste et écrivain marocain Abdelkarim Ghallab a fait état des guerres et conflits meurtriers qui rendent difficile la réalisation d'un développement économique et dont la résolution passe par le dialogue et le soutien continu des Nations Unies aux organismes régionaux.