Le besoin de liquidité des établissements de crédit s'est accentué au deuxième trimestre 2017 Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour constater les effets des récentes opérations spéculatives sur le dirham attribuées aux banques dans le cadre de la migration vers la flexibilité du régime de change. Le besoin de liquidité des établissements de crédit s'est en effet remarquablement accentué au deuxième trimestre 2017, puisqu'il s'est creusé à 68,2 milliards DH en juillet 2017 (en moyenne des fins de semaine) contre 53,5 milliards DH un mois auparavant, selon les dernières données de Bank Al-Maghrib. Cela en rappelant bien que durant le premier trimestre 2017, le besoin en liquidité des banques ressortait à 15,7 milliards de dirhams en moyenne, traduisant notamment la baisse de la circulation fiduciaire suite à quoi le besoin est monté à plus de 22 milliards DH aux mois d'avril et mai. Cela est à lier à une baisse inattendue des réserves internationales nettes «sous l'effet notamment des achats massifs de devises sur le marché de change, sous forme d'opérations spéculatives à la veille de la migration vers la flexibilité du régime de change, prévue au troisième trimestre 2017», ainsi que l'explique le Haut-Commissariat au Plan dans son dernier point de conjoncture pour le mois de juillet. En effet, après une croissance cyclique tout au long des années 2014 et 2015, les réserves internationales nettes ont enregistré une baisse de 5,2% au deuxième trimestre 2017 au lieu d'une hausse de 4,3% un trimestre auparavant. Cette évolution des choses dément toutes les prévisions de BAM. En fait, depuis quelques mois l'institution s'est surtout employée à gérer au mieux une potentielle situation de surliquidité bancaire. BAM l'anticipait pour la fin du deuxième semestre 2016 et c'est à cet effet qu'elle a relevé le taux de la réserve monétaire de 2 à 4% en juin dernier. Selon les prévisions initiales de BAM cela devait décaler la surliquidité pour fin 2017 pour atteindre à cette date 2,4 milliards DH. On semble donc en être bien loin aujourd'hui. Cela soulève des interrogations sur l'évolution des choses en matière de distribution du crédit. En effet, la situation de la liquidité bancaire influence autant les volumes de financements distribués que les prix pratiqués par les banques. Selon les liquidités dont ils disposent, les établissements ont une plus ou moins grande capacité de prêter à des taux d'intérêt plus ou moins importants. C'est ce qui fait d'ailleurs que sur les derniers mois, caractérisés par une situation de liquidité bancaire relativement confortable, la distribution de crédit a connu un frémissement doublé d'un effort non négligeable sur les taux au bénéfice des emprunteurs. Qu'en sera-t-il sur les prochains mois ? Il faut d'abord noter que BAM accompagne le mouvement de creusement du déficit des liquidités bancaires en relevant d'autant le volume de ses injections. L'institution a ainsi couvert quasi intégralement le déficit de liquidité lié aux opérations spéculatives sur le dirham en juillet. BAM a en effet augmenté sur le mois le volume de ses injections, le portant à 68,1 milliards de dirhams dont notamment 62,2 milliards à travers les avances à 7 jours et 4,5 milliards DH au titre des opérations de prêts garantis accordés dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME. Cela a, entre autres, permis de maintenir le taux sur le marché interbancaire (sur lequel les établissements se prêtent de l'argent entre eux) en moyenne à 2,32%, quasiment inchangé par rapport au mois de juin. Du reste, même s'il faut se donner le temps d'apprécier les effets du creusement du déficit de liquidité bancaire sur la durée, les premiers signaux sont loin d'être alarmants. En effet, jusqu'à la fin du premier semestre les taux débiteurs continuaient d'être orientés à la baisse (régression de plus de 20 points du taux moyen calculé par BAM tous financements confondus entre le premier et le deuxième trimestre 2017). De même, une décélération de la croissance de l'encours des financements bancaires (qui affiche une hausse de plus de 6% entre juin 2016 et juin 2017) n'est pas à l'ordre du jour, selon les banquiers. Les prévisions de BAM confortent cela (voir encadré).