La deuxième version de l'opération «départs volontaires» dans la fonction publique a débuté le 1er janvier 2005. Mais déjà, les chiffres fusent. Le ministère de tutelle multiplie les projections optimistes. Lors de sa première formule, l'opération «Départs volontaires» dans l'administration, s'était heurtée à un échec cuisant. A peine 1 000 fonctionnaires avaient répondu à l'appel en 2003. Les bataillons annoncés ont battu en retraire, sans doute découragés par l'absence des mesures incitatives. Par contre, pour la deuxième formule, tout semble aller comme dans le meilleur des mondes possible. L'opération n'a débuté que le 1er janvier 2005, mais les chiffres sont déjà disponibles. Déjà, Mohamed Boussaïd a dressé un premier bilan. Si l'on en croit la présentation optimiste faite par le ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics, les fonctionnaires se bousculeraient au portillon. Ainsi, 30 000 pensionnaires de l'administration publique seraient intéressés. Dans ce contingent, le quart, soit 6 000 pensionnaires, n'a pas encore atteint l'âge de la retraite, a précisé le ministre. Les nouvelles mesures incitatives annoncées ont été déterminantes. Le fonctionnaire qui opte pour le départ bénéficie automatiquement d'une comptabilisation de la prime de départ sur la base d'un mois et demi de salaire pour chaque année de travail. Le résultat ainsi obtenu est exonéré d'impôt avec un plafond de 36 mois pour les fonctionnaires classés à l'échelle 6 et plus. L'Etat devra débourser 4,4 milliards de dirhams pour indemniser ces fonctionnaires. Ce qui, estime le ministre, représente une économie car, précise-t-il, si ces fonctionnaires, âgés entre 45 et 59 ans, choisissaient de poursuivre leurs carrières jusqu'à la retraite, la masse salariale correspondante s'élèverait à 27 milliards de dirhams. De quoi alléger substantiellement les charges de l'Etat, souvent pointées du doigt par les institutions internationales. Pourtant, à en croire Mohamed Boussaid, cette opération initiée par le gouvernement n'émane pas d'une recommandation de la banque mondiale. Il s'agirait d'une stratégie nationale destinée à rajeunir l'administration et à offrir une opportunité aux fonctionnaires expérimentés de s'investir dans le privé. Gagnant à tous les points de vue, l'Etat débarrassé de ses sureffectifs, permettra à l'administration d'adopter une politique de recrutement selon ses besoins en compétence, etc. L' impact attendu sur la masse salariale en serait certain. Celle-ci sera ramenée à 60 milliards de dirhams de cette année, soit 12,5% du PIB. L'objectif, une fois les dérapages de ces dernières années maîtrisés, c'est de contenir ces charges à ce niveau. En tout cas, ce ne sera pas la Caisse marocaine de retraite (CMR) qui se plaindrait de cette formule des départs volontaires. Car si les prévisions suivent leurs cours, l'institution devrait voir ses équilibres renforcés. Revigoré sans doute par les premiers résultats obtenus, Mohamed Boussaïd a annoncé dans la foulée que le gouvernement étudie aussi un programme de départs volontaires pour les fonctionnaires des collectivités locales. C'est un complément essentiel à la première opération qui ne concerne, elle, que les fonctionnaires civils du public ayant adhéré au régime des retraites civiles. Le décret du 23 décembre 2004 ne couvre, en effet, ni les collectivités locales, ni même les établissements publics. Ceux-ci ont pris pour la plupart le train longtemps d'avance. Ainsi, Maroc Telecom a été parmi les premiers à appliquer le régime des départ volontaires aux côtés du Bureau de recherches et de participations minières (BRPM) et de l'Office national des transports (ONT). Pour donner plus d'ampleur à l'opération, le ministre a annoncé l'élargissement du champ d'application des mesures incitatives contenues à toutes les catégories des fonctionnaires, y compris celles ne remplissant pas les conditions de la retraire anticipée. Reste pour Mohamed Boussaïd à croiser les doigts et à attendre. L'opération prendra fin le 30 juin 2005.