En principe, Ramadan rime toujours avec rassemblement familial, regroupement autour de la table du ftour avec un menu aussi varié que le permet le budget de chaque famille… Mais, par la force des choses, il y a des exceptions à cette règle. Certaines personnes, en raison de leur travail qui coïncide avec l'heure de la rupture du jeûne, sont obligées de rompre le jeûne en dehors du cadre familial, souvent dans un café ou sur le lieu même du travail. ALM a décidé cette année de partager avec ces gens ce moment qu'ils sont obligés de passer en dehors de l'environnement habituel et du cadre familial. Comment prennent-ils leur ftour ? Pour Mohamed Jabbour, garçon dans un restaurant à Agadir, exercer ce métier durant le mois de Ramadan est un travail très pénible qui nécessite beaucoup de patience pour arriver à accomplir les tâches comme il faut tout au long de ce mois sacré, notamment lors de la rupture du jeûne. Celle-ci constitue pour lui un moment de corvée, voire de torture, car pendant un court laps de temps il doit servir et satisfaire toute la clientèle qui ne cesse de le rappeler plusieurs fois et de changer parfois les plats, ce qui entraîne une multitude de va-et-vient. Selon lui, pour réussir cette mission, il faut être armé de beaucoup de patience, de concentration, d'énergie et surtout avoir une bonne mémoire pour ne pas confondre les plats des clients dont l'humeur de certains se dégrade à l'approche de la rupture du jeûne. A cela s'ajoute une très bonne organisation au moins une demi-heure avant la rupture pour satisfaire les clients qui affluent cinq minutes avant l'appel à la prière du Maghreb, et ce pour pouvoir voler quelques secondes pour rompre son jeûne avec des dattes, tout en restant à la disposition des clients. Ce dernier prend son ftour debout parallèlement au travail, en commençant par la Harira, suivie par les jus, et ne mange à sa faim qu'après avoir servi le café à la majorité de la clientèle. D'après M. Jabbour, comparer le ftour en famille avec celui au travail c'est comparer le paradis à l'enfer. Et d'ajouter que «durant le ftour avec la famille on se sert les uns les autres et on ne m'appelle pas avec un «psss» ou bien «monsieur»».