L'année 2004 aura été, pour les habitants de la ville d'Al Hoceïma, synonyme de souffrances à cause du séisme, mais d'espoir également car un ambitieux plan de redressement économique et social y a été lancé. Le violent séisme du 24 février 2004 , qui a frappé Al Hoceïma et ses environs, a permis, au monde entier et pas seulement au Maroc, de découvrir la réalité, amère, et la marginalisation totale dont ont souffert, depuis l'Indépendance, les villages et les villes du Rif. Al Hoceïma a remporté la palme d'or de la désolation: un peu moins de 700 morts, un millier de blessés environ, ainsi que plusieurs centaines de maisons détruites. Le gouvernement, sous la supervision directe de SM le Roi Mohammed VI, a débloqué une importante aide aux sinistrés et un programme de développement socio-économique pour toute la région du Rif central. La manne financière totale qui servira au financement de ce plan d'urgence, tel qu'il a été approuvé par SM Mohammed VI, s'élève à 2,68 milliards de DH. Le gouvernement a ainsi débloqué 1,7 milliard de DH. Ceci sans oublier les 238 millions collectés par le compte 101 de Bank Al-Maghrib. Les aides parvenues de l'étranger ne sont pas du tout négligeables puisqu'elles atteignent les 737 millions de DH. Les principaux donateurs sont l'Arabie saoudite, qui a débloqué 450 millions de DH, le gouvernement espagnol, qui a octroyé 220 millions de DH, ainsi que le gouvernement de l'Autonomie andalouse dont le don s'élève à 22 millions de DH. Enfin, le gouvernement français a également fourni 27,6 millions de DH. En tout cas, ce plan d'urgence n'est pas passé comme une lettre à la poste.Plusieurs dizaines de personnes ont exprimé leur rejet total du plan d'urgence. Et à maintes reprises, les forces de l'ordre les ont violemment dispersées. Les habitants de certains douars touchés par le tremblement de terre ont carrément refusé de percevoir l'aide à la reconstruction. Une véritable fronde sociale est née dans les villages de Rouadi, Tamasint, Aït Kamra et Beni Abdellah". Les mécontents estiment que le recensement effectué par les autorités publiques (essentiellement le LPEE), et sur lequel repose tout le mécanisme d'aide à la reconstruction, est complètement biaisé. Cette critique a été également formulée par les ONGs locales. Le plan d'urgence prévoyait, dans un premier temps, trois types d'indemnités pour les sinistrés du monde rural: 50.000 DH pour les maisons complètement effondrées, 30.000 pour les maisons partiellement effondrées et 20.000 DH pour les maisons fissurées. La moitié de cette indemnité devait être remise aux sinistrés en numéraire et l'autre moitié en matériaux de construction, essentiellement le ciment et l'acier. Résultat: il a été décidé de ne retenir qu'une seule somme pour tous les sinistrés du monde rural, quel que soit le degré de gravité des dégâts. 30.000 DH pour chaque famille. Nul doute que la misère des citoyens a été exploitée (et l'est déjà peut-être) à des fins pas très "catholiques" ce qui risque d'éprouver une région déjà marginalisée. En clair, la vigilance des autorités doit être accrue. Un savant équilibre doit être maintenu entre d'une part, la préservation de l'ordre public et la promotion socio-économique du Rif, et le ménagement des subtilités culturelles de cette région. C'est dans cet esprit, et compte tenu du rôle de la société civile dans le domaine du développement durable, plusieurs associations d'Al Hoceïma et de Nador se sont réunies, quelques semaines après le séisme, pour constituer un cadre fédérateur, baptisé "Réseau Rif Solidaire". Ce réseau est considéré par ses fondateurs comme un espace de concertation, de dialogue et de travail collectif entre les associations des provinces d'Al Hoceïma et de Nador. Le but de ce réseau a été, entre autres, d'ériger en priorités absolues les spécificités de ces deux villes, et partant s'opposer à une volonté afficher de noyer les souffrances d'Al Hoceïma et de Nador dans un contexte plus global, celui de la région du Rif central.