En attendant l'annonce des détails du programme de reconstruction de la ville d'Al Hoceïma, l'Agence française de développement envoie des experts pour évaluer l'ampleur des dégâts. Mais les secousses se poursuivent et les habitants refusent de quitter les tentes. La ville d'Al Hoceïma vit toujours au rythme des secousses. La dernière en date a eu lieu samedi dernier, avec une magnitude de 5,2 sur l'échelle de Richter. Résultat: les habitants ont toujours peur et refusent donc de retourner à leurs maisons, même si ces dernières sont en bon état. En somme, ces répliques à répétition n'arrangent pas les choses. C'est dans cette ambiance qu'une délégation d'experts de l'Agence française de développement (AFD) s'est déplacée le dimanche dernier à Al Hoceïma. Le but de cette visite de terrain est, avant tout, d'évaluer l'ampleur des dégâts causés par le séisme. Cité par la MAP, Jean Maxladougne, expert français en construction et membre de la délégation a rappelé que la visite des experts intervient "dans la perspective de l'élaboration d'une vision pour permettre à la France de contribuer par son aide sur le plan d'expertise et de financement". Ces experts se sont notamment rendus dans les localités d'Imzouren, d'Aït Kamra et de Tazaghine. Il s'agit essentiellement de zones urbaines. L'AFD compte, en fait, financer une importante étude pour la réalisation d'une carte géotechnique de la région d'Al Hoceïma. La visite d'experts sur le terrain devrait permettre la préparation des termes de références de cette étude, afin de lancer un appel d'offres international dans ce sens, le plus tôt possible. L'étude en question mettra en exergue les zones à risques, où la construction de nouvelles maisons sera déconseillée, voire interdite. Puisqu'il est impossible d'empêcher le tremblement de la terre, alors au moins essayer de limiter les dégâts et éviter des drames semblables à ceux du séisme du 24 février. L'implication de l'AFD et de la France de manière générale dans la reconstruction d'Al Hoceïma s'inscrit, non seulement, dans une optique purement humanitaire, mais répond également à des considérations proprement politiques. En effet, la présence de la coopération française est beaucoup moins importante dans le Nord du Maroc que celle de l'Espagne, par exemple. Avec l'opération Al Hoceïma, c'est donc un véritable redéploiement de l'AFD au Maroc qui s'amorce. Par ailleurs, il faut reconnaître que les élus, ainsi que les autorités chargées du contrôle des constructions ont failli à leur devoir. En témoignent la prolifération de l'habitat anarchique dans la ville d'Al Hoceïma, et les localités avoisinantes, ainsi que le non-respect des règles les plus élémentaires des constructions. Généralement, les études lancées par l'AFD sont réalisées par des bureaux d'études français, avec la collaboration de partenaires locaux, en l'occurrence, marocains. Lors de la tournée du dimanche dernier, les experts français étaient accompagnés par le propre directeur de l'Agence du Nord, Driss Benhima. Et pour cause, l'Agence a manifesté sa ferme intention de jouer un rôle primordial dans la reconstruction de la ville d'Al Hoceïma et partant sa requalification. En attendant, un programme ambitieux a été préparé pour cette région. Il concerne l'ensemble des aspects de développement social et économique, tels que les infrastructures routières et les services publics. Mais le volet le plus urgent demeure, sans doute, celui de la reconstruction. Les habitants d'Al Hoceïma s'attendent à ce que les détails de ce vaste programme soient dévoilés par SM Mohammed VI, lui-même, lors d'un discours.