Les banques ont revu substantiellement à la hausse le tarif de plusieurs de leurs opérations Si les banques ont dû jouer aux équilibristes pour préserver la croissance de leurs marges d'intérêt l'année dernière (voir notre édition du 21 mars), leurs marges sur commissions semblent leur avoir donné beaucoup moins de fil à retordre. La plupart des établissements ayant publié leurs résultats financiers jusqu'à présent affichent en effet une solide croissance de cette marge en base sociale (reflétant l'activité sur le marché national). Attijariwafa bank a facturé pour près de 1,5 milliard DH de frais sur ses services à la clientèle en 2016, 10% de plus que l'année d'avant, soit un supplément de 138 MDH. CIH Bank s'en sort mieux encore avec 17% de revenus en plus, soit 32 MDH qui se rajoutent à un total de 215 MDH. Crédit du Maroc et BMCI se sont, elles aussi, assurées d'engranger plus de commissions avec des croissances de 5 et 1% enregistrées respectivement par les deux établissements dont les marges sur commissions sont portées dans l'ordre à 274 et 401 MDH. Pourtant, retirer plus de revenus des commissions facturées à la clientèle était loin d'être aisé pour les banques. En effet, des obligations réglementaires introduites en 2016 les ont poussées plutôt à réduire, voire à supprimer les frais prélevés sur plusieurs opérations. Le 1er avril 2016 tous les établissements de la place se sont ainsi engagés auprès de Bank Al-Maghrib à rendre gratuites six opérations portant sur l'accès à la banque digitale, le recalcul du code PIN de la carte bancaire, l'opposition sur perte ou vol de la carte bancaire ou du chèque, le remplacement de la carte bancaire non encore utilisée par le détenteur et enfin le rejet de chèque pour motif de vice de forme. Le même mois d'avril, des arrêtés conjoints des ministères de l'industrie et des finances qui complètent la loi sur la protection des consommateurs sont ensuite venus enfoncer le clou en introduisant de nouveaux plafonds pour les indemnités de remboursement anticipé du crédit immobilier. Des hausses pouvant aller jusqu'à 25% ont été appliquées Les mêmes textes ont aussi limité les frais de dossier exigibles sur ce même type de financement. Les premiers ont été fixés à un mois d'intérêts, sans pouvoir dépasser 2% du capital restant dû. Les seconds sont limités à 0,1% du montant du crédit. Pour les banques cela constitue en théorie un manque à gagner non négligeable sachant que parmi les 6 opérations rendues gratuites en accord avec Bank Al- Maghrib certaines étaient facturées à plusieurs centaines de dirhams. De même, les plafonds nouvellement mis en place pour les frais du crédit immobilier ne représentent généralement que le tiers des tarifs qui avaient cours par le passé. Mais les banques ont très bien su rebondir après ces remises qu'elles ont été forcées d'accorder à la clientèle. …./….. …./….Déjà à y voir de près, les spécialistes estiment que les commissions que les banques ont dû abandonner pour tout ou partie ne concernent pour la plupart que des opérations peu courantes qui pèsent très peu dans le total des revenus tirés des commissions, assurent-ils. Le recalcul du code PIN ou l'opposition sur la carte bancaire, ou même le remboursement anticipé du crédit sont effectivement loin de concerner l'ensemble de la clientèle des banques. Il y a aussi que les banques ont abandonné certains de ces frais bien avant d'y être obligées. C'est notamment le cas de l'accès à la banque digitale que la quasi-totalité des opérateurs a rendu gratuit depuis bien longtemps. Surtout, l'on observe que parallèlement à ces révisions forcées qui n'ont finalement qu'un impact réduit sur la marge sur commissions, les banques ont revu substantiellement à la hausse dès le début de l'année dernière le tarif de plusieurs de leurs opérations parmi les plus courantes. Il faut y voir aussi une volonté de compenser les efforts consentis en matière de taux d'intérêt des crédits. Tout y passe et en examinant les grilles tarifaires des différents établissements il ressort que des hausses pouvant aller jusqu'à 25% ont été appliquées aux frais des virements, aux frais de tenue de compte, aux offres packagées, au retrait par chèque... Aussi, des opérations qui n'étaient pas facturées à la clientèle, telles que la tenue de compte en dirhams convertibles donnent désormais lieu à des frais. Les banques en réclament aussi plus à la clientèle des entreprises avec l'augmentation des frais d'escompte de chèque, l'encaissement de lettre de change ou encore l'encaissement d'effet. En somme, tous les moyens sont bons pour les banques pour retomber sur leurs pieds.