«Si la production enregistre une augmentation, on note également le maintien des tendances lourdes (langues ou champs disciplinaires), avec toutefois les premiers signes d'une réelle entrée des revues marocaines dans l'ère numérique, avec 25,35% des numéros recensés». Ce sont 3304 documents qui ont été produits au titre de l'année 2015-2016. Le chiffre ressort du nouveau rapport annuel relatif à l'état de l'édition et du livre dans les domaines de la littérature, sciences humaines et sociale en 2015-2016 présenté mardi à Casablanca par la fondation du Roi Abdul-Aziz. Selon ce document, ces productions se répartissent entre 2.807 ouvrages et 497 numéros de revues académiques et culturelles. Ainsi, la production globale de l'édition marocaine au titre de 2015-2016 enregistre, selon le même rapport, une augmentation de 19% par rapport à 2014-2015. Cependant, cette hausse est marquée par d'autres facteurs. Une augmentation tempérée «Si la production enregistre une augmentation, on note également le maintien des tendances lourdes (langues ou champs disciplinaires), avec toutefois les premiers signes d'une réelle entrée des revues marocaines dans l'ère numérique, avec 25,35% des numéros recensés», précise le rapport qui établit une répartition des publications selon les langues. Ainsi, la répartition des publications marocaines, en fonction des langues, indique, selon le rapport, la consolidation du processus d'arabisation du secteur de l'édition, notamment dans les champs disciplinaires retenus par ce rapport. «Ce processus qui a été amorcé au milieu des années 80 du siècle dernier, semble être en passe d'aboutir», poursuit le rapport en détaillant les taux enregistrés par les publications selon la langue. L'arabe se taille la part du lion avec 58% «Les éditions en langue arabe, qui occupaient une part de 58% de la production au milieu de ces années quatre-vingts, se situent désormais à 82,5%, en 2015-2016», détaille le document en établissant des comparaisons avec d'autres langues. «A l'inverse, les éditions marocaines en langue française accusent un net recul relatif. Avec 394 titres édités au cours de l'année objet de ce rapport, les publications francophones ne couvrent plus que 14,5% du volume de l'édition marocaine», poursuit la même source qui précise également que les publications marocaines dans la seconde langue officielle du pays, l'amazigh, stagnent, quant à elles, autour de 1,84%, avec seulement 50 titres. Pour sa part, l'édition dans les autres langues étrangères n'occupe qu'une infime part du volume de la production éditoriale du pays, avec 0,66% pour l'espagnol et 0,48% pour l'anglais. Outre cette répartition par langues, le document établit celle en termes de champs disciplinaires. 675 titres littéraires édités en 2015-2016 «Outre son arabisation, l'activité éditoriale marocaine illustre, au cours de l'année 2015-2016, une autre tendance lourde relative à la répartition selon les champs disciplinaires. Ce sont les champs connaissant une arabisation ancienne et avancée, notamment en matière d'enseignement supérieur, qui connaissent les taux de production les plus élevés», estime le rapport qui souligne que les œuvres littéraires (roman, nouvelles, poésie, littérature dramatique, etc.) occupent 25% de l'ensemble avec 675 titres. Quant aux études juridiques (droit), elles arrivent en seconde position avec 371 titres (13,69%). Elles sont suivies des études islamiques avec 274 titres (10,1%) et des travaux axés sur les questions sociales qui comptent 272 titres (10,03%), des travaux historiques avec 261 titres (9,64%), des études littéraires avec 226 titres (8,34%) et des ouvrages de politiques avec 162 titres (6%). Ces sept champs disciplinaires totalisent ainsi près de 82,7% de la production éditoriale marocaine. «Il faut noter, par ailleurs, que les disciplines économiques et financières qui sont restées exclusivement francophones, peinent à émerger. Il en est de même pour des sciences humaines comme la philosophie, la linguistique, la psychologie, les études des autres religions ou celles de l'art», ajoute le rapport qui aborde d'autres volets dont la traduction. Les titres traduits augmentent de 43% Selon le même rapport, les textes traduits occupent une place relativement importante parmi les publications marocaines de l'année 2015-2016 (6%), avec 160 livres, enregistrant ainsi une augmentation de 43% par rapport à la production de l'année précédente. Orientée essentiellement vers l'arabe comme langue cible, l'activité de la traduction marocaine s'appuie sur plusieurs langues sources, à leur tête le français avec 81 titres (61,7%). Celui-ci est suivi de l'anglais (14 titres, soit 11%), l'espagnol (12 titres, soit 9%) et l'amazigh (4 titres, soit 3%). Quant aux autres langues européennes comme le russe ou le néerlandais, elles n'occupent, selon le rapport, qu'une place marginale avec 13 titres (10%). Concernant les traductions marocaines de l'arabe vers l'amazigh et vers les langues étrangères, leur volume reste encore marginal, ne dépassant guère, selon le rapport, 17 titres.