Le PPS critique sévèrement le premier secrétaire de l'USFP Le torchon brûle entre le parti de la rose et celui du livre. Jadis alliés dans le cadre de la fameuse Koutla démocratique, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) semblent devenir aujourd'hui de véritables ennemis politiques. Les deux partis de la gauche marocaine qui constituaient un noyau dur des forces progressistes dans le pays, se livrent en effet une guerre ouverte à coups de déclarations et de communiqués. Si les relations n'étaient pas au beau fixe depuis quelque temps déjà entre les dirigeants des deux partis, les divergences ont éclaté au grand jour et en direct à la télévision. Driss Lachgar, premier secrétaire de l'USFP, est l'invité d'une émission de débat politique sur la première chaîne publique nationale mardi dernier. Réagissant sur le blocage des négociations pour la formation d'une nouvelle majorité gouvernementale, Lachgar n'hésite pas à remettre en cause le rôle joué par Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS. Plus loin encore, le numéro un du parti de la rose critique le choix du chef de gouvernement désigné, Abdel-Ilah Benkiran, de se concerter d'abord avec un parti politique (ndlr: le PPS) qui «n'a obtenu que 13 sièges» à la Chambre des représentants à l'issue des dernières élections législatives. Lachgar a par ailleurs insisté sur le fait que «le PPS ne disposait même pas d'un groupe parlementaire ni dans la première ni dans la deuxième Chambre parlementaire». Les propos tenus par le premier secrétaire de l'USFP à l'égard d'un ancien allié en direct sur un plateau de télévision scellaient officiellement la rupture entre les deux partis de la gauche. Refusant de formuler une réaction sur le passage de Lachgar à la télévision malgré les sollicitations des médias, Benabdellah décide de réagir enfin via un éditorial dans le site web du son parti. Il faut dire que la réaction du parti du livre a été très sévère vis-à-vis du numéro un de l'Union socialiste des forces populaires. Après s'être interrogé sur le motif de l'attaque contre le PPS et son secrétaire général, l'édito insiste sur le fait que «l'attaque est venue de la part du porte-parole d'un parti allié». Dans cette réponse du berger à la bergère, l'ancien parti communiste a pris à son tour un malin plaisir à tourner en dérision les propos du premier secrétaire du parti de la rose n'hésitant pas à affirmer que le discours de Lachgar «a atteint le degré zéro de la morale». Et de poursuivre: «Notre camarade (ndlr: allusion faite à Driss Lachgar) oublie que le PPS était le premier à afficher bien avant les législatives du 7 octobre son positionnement politique et sa vision pour les alliances politiques». Pour les camarades du parti fondé par Ali Yata ils pensent que les attaques contre leur formation ont comme objectif d'exclure et rendre petit le PPS. Réagissant aux résultats obtenus lors des dernières élections, le parti du livre reproche à son tour à l'USFP d'avoir réussi à peine à assurer un minimum requis pour la formation d'un groupe parlementaire, soit 20 députés. La situation se complique ainsi entre les deux frères ennemis. Et le divorce semble cette fois-ci bel et bien consommé. Reste à connaître l'impact de cette guerre médiatique sur les consultations pour la formation d'un gouvernement. Si rien n'est impossible dans la politique, force est de reconnaître qu'il devient difficile aujourd'hui de voir le PPS et l'USFP assis côte à côte autour de la table du gouvernement.