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Le Goncourt 2002 à Pascal Quignard
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 29 - 10 - 2002

Le plus prestigieux des Prix littéraires français, le Goncourt, a été décerné lundi à Pascal Quignard pour «Les ombres errantes», édité par Grasset. Auteur inclassable, Pascal Quignard est connu par sa prose poétique et son érudition.
«Les livres quand ils sont beaux font tomber non seulement les défenses de l'âme, mais toutes les fortifications de la pensée, qui se voit prise de court soudain». Celui qui tient ses propos est un écrivain à part dans le monde de la littérature en France. Ses écrits tiennent autant de l'érudition que de la littérature. Il rallie cette grande famille d'encyclopédistes qui ont fait du savoir l'objet de leur écriture. En lui attribuant le prix Goncourt, le jury a voulu récompenser un écrivain inclassable. Difficile de mettre dans une grille ses nombreux livres. Ni récits, ni traités, ni romans, ses livres ressemblent à des fragments autobiographiques, tantôt méditatifs, tantôt hallucinés, mais qui éclairent toujours non pas un seul homme, mais tous les hommes.
Connu pour son style éblouissant et son sens de la formule percutante, Pascal Quignard est aussi un maître dans ce que l'on appelle la phrase d'auteur. «L'amour ouvrait soudain l'incommunicable comme une clé» ou encore : «L'amour est un don sans pitié parce que rien ne console de sa perte. L'amour est lié au perdu : c'est pourquoi toute perte le vérifie. C'est la plus intense des douleurs.» C'est peut-être son péché mignon. Pascal Quignard fait aussi partie de ces écrivains qui fondent leur prose sur un noyau poétique. Il le fait d'une façon plus criante que Proust, Céline ou Octavio Paz. Sa prose rythmée emporte le lecteur dans une cadence ininterrompue.
Pascal Quignard a 54 ans. Il est l'auteur de nombreux romans, dont «Le salon de Wurtemberg», «Tous les matins du monde», «Terrasse à Rome» ou l'époustouflant «Vie secrète». Les genres littéraires hors-la-loi semblent regagner d'intérêt avec sa consécration. La culture, qu'elle soit littéraire ou philosophique, celle qui nourrit le savoir du lecteur, est aussi récompensée avec l'auteur des «Ombres errantes». Ce n'est que justice à une époque où les écrits creux de Michel Houellebecq et Christine Angot semblent conditionner le bon goût en matière de mauvaise littérature.


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