Qualifiant les relations entre le Maroc et la Grande-Bretagne d'excellentes, l'ambassadeur du Maroc au Royaume-Uni, Mohammed Belmahi, s'exprime sur le nécessaire rapprochement entre les deux pays. Pour lui, le Maroc n'est la chasse gardée d'aucun pays. ALM: A la lumière du rapprochement économique entamé il y a quelques années entre les deux pays, quel bilan dressez-vous des relations entre le Maroc et le Royaume-Uni ? Mohamed Belmahi : Que ce soit du point de vue britannique ou marocain, les relations entre les deux pays sont qualifiées d'excellentes. En témoigne la visite, il y a deux semaines, du Premier ministre, Driss Jettou, en Grande-Bretagne, où il a eu une séance de travail positive avec son homologue Tony Blair et le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. Quelle importance représente la Grande-Bretagne pour le Maroc, sachant que notre pays a des rapports solides avec d'autres puissances européennes, notamment la France ? La Grande-Bretagne présidera ,durant le deuxième semestre de l'année prochaine, à la fois l'Union européenne et le G8 et veillera sur le déroulement, avec l'Espagne, du dixième anniversaire du processus de Barcelone. Cette triple casquette qu'aura la Grande-Bretagne la place parmi les pays européens avec lesquels il faudra compter à court, moyen et long termes. Le Maroc espère de son côté que les autorités britanniques donnent une plus grande importance à la région du Maghreb et au Maroc en particulier, notamment dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage de l'UE. Je pense que le Maroc mérite qu'une initiative spécifique lui soit accordée. Et nous comptons beaucoup sur les pays amis comme la France, l'Espagne, l'Allemagne et la Grande-Bretagne pour y arriver. Malgré leur importance, les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent en deçà du potentiel existant. Que faudra-t-il entreprendre pour donner un élan significatif aux relations économiques des deux Royaumes ? Sur le plan économique, la Grande-Bretagne est notre troisième partenaire après la France et l'Espagne. Nous représentons 4% des exportations britanniques dans le monde, et 7,5 % en matière d'importations. L'intérêt de la Grande-Bretagne est très ressenti en matière d'agriculture. Nous avons dans ce sens fait des efforts auprès de certains importateurs de grand calibre comme Tesco, à laquelle nous avons présenté une vingtaine d'entreprises marocaines d'agroalimentaire. D'un autre côté, un grand effort reste à consentir en matière de produits organiques sur lesquels l'UE n'a pas imposé de plafonds. Nous les favorisons. Mais pour le faire, il faudrait que les entreprises soient certifiées. Londres est également une place financière de choix… La place financière de Londres est la première place mondiale des investissements directs. Elle dépasse aujourd'hui New York. Le tout pour dire que s'il y a un effort d'approche positif et important à faire, il ne peut se faire qu'à partir de Londres. D'autant plus que des pays amis qui nous intéressent, notamment les pays arabes du Golfe, ont leurs bases au niveau de l'investissement international à Londres. Nous espérons qu'une stratégie d'approche des marchés financiers soit élaborée. Peut-on qualifier de sérieux le travail entamé dans ce sens ? Nous avons créé depuis deux ans et demi le Conseil maroco-britannique des affaires. Une initiative de notre ambassade et qui regroupe banquiers, assureurs, industriels, distributeurs et opérateurs en transport aérien des deux pays. Il appartient aux autorités de notre pays d'aider ce conseil. C'est ce qui est en train de se faire. Entre-temps, ce sont les secteurs privés respectifs aux deux Royaumes qui sont les plus actifs. Sur le plan institutionnel, nous avons eu deux visites du ministre des Finances à travers un road show qui a eu un impact très positif au sein de la classe d'affaires britannique. La récente initiative de l'ONA a également participé à donner une image positive du Maroc économique. Quelles sont les barrières qui restent à lever ? La priorité serait maintenant de lever une barrière psychologique. Le Maroc n'est la chasse gardée de personne. Et c'est sur cela qu'il faut travailler. Notre pays est ouvert à tout le monde, notamment au monde anglo-saxon. Et la signature de l'accord de libre-échange entre le Maroc et Etats-Unis obéit à ce même ordre d'idées. Et les efforts de réformes politiques, économiques et sociales qui le font apparaître comme un modèle dans le monde arabe doivent être connus. Je pense que le premier obstacle à enlever est celui de l'information et de la communication. Le gap entre comment nous sommes vraiment et comment nous sommes perçus ne peut être comblé qu'à travers un échange d'informations d'abord.