L'Office chérifien des phosphates (OCP) réalise un grand projet d'industrialisation intégrée de production d'engrais phosphatés en Ethiopie. C'est lors de la visite de S.M. Mohammed VI, samedi 19 novembre, dans la capitale Addis-Abeba, qu'un accord stratégique a été signé entre les deux pays, visant à valoriser les ressources du continent africain au profit de l'Afrique elle-même. Le méga-projet mobilisera un investissement global de 3,7 milliards de dollars qui sera réparti en deux phases. La première mobilisera une enveloppe budgétaire de 2,4 milliards de dollars, alors qu'une deuxième enveloppe de 1,3 milliard de dollars sera attendue à l'horizon 2025. Il s'agit d'un partenariat Sud-Sud reposant sur une vision partagée du leadership des deux pays, à savoir que les ressources naturelles africaines doivent être exploitées pour stimuler le développement de l'Afrique. On parle de la plus grande plate-forme industrielle intégrée d'Afrique, après celle de Jorf Lasfar. L'objectif étant d'assurer un développement prospère au continent, stimulé par l'exploitation des ressources naturelles autochtones. Il s'agit donc d'une installation ultramoderne, qui va produire des engrais adaptés aux besoins locaux que ce soit du côté des cultures ou la nature des sols. Il vise ainsi à atteindre une production de 2,5 millions de tonnes/an d'engrais d'ici 2022, et vers 2025, la capacité totale sera de 3,8 millions de tonnes/an d'engrais. Pour ce faire, il est nécessaire de tirer parti de la potasse et du gaz éthiopiens, tandis que les acides phosphoriques seront livrés par le Groupe OCP. C'est ainsi que les deux pays comptent tirer profit de la complémentarité des ressources naturelles. La plate-forme industrielle, composée d'un complexe intégré de production d'engrais, sera équipée de toutes les infrastructures de base nécessaires. Elle sera également dotée d'une station de pompage d'eau et d'installations de traitement d'eau, ainsi que d'une centrale électrique. Cette dernière sera appelée à satisfaire, de manière indépendante, les besoins en énergie de la plate-forme industrielle. Toutefois, le site sera composé de 2 unités dont la capacité de production d'ammoniac s'élève à un million de tonnes/an, utilisées comme produit intermédiaire. Aussi, 4 autres unités de production d'engrais seront destinées à répondre à la demande locale, qui s'élève à 1,5 million de tonnes/an de NPS (engrais à base de phosphates et d'azote enrichi en soufre), et de 1 million de tonnes/an d'urée d'ici 2022. En perspective, lors de la deuxième phase de l'investissement, la plate-forme industrielle devrait comprendre 9 unités au total. Ce qui permettra d'augmenter la production annuelle de 50%, soit 2,2 millions de tonnes/an de NPS et 1,6 million de tonnes/an en matière d'urée. Quant au stockage des matières premières nécessaires, une autre plate-forme est aménagée et sécurisée pour cela au niveau du port de Djibouti. Le site industriel sera installé à Dire Dawa, ville fédérale de l'Ethiopie et seconde agglomération du pays en termes du nombre d'habitants. Le projet permettra ainsi d'assurer un approvisionnement fiable et abordable en nutriments des plantes pour les agriculteurs éthiopiens. Et grâce à cette co-entreprise, l'Ethiopie serait en mesure de s'auto-suffire en matière de production d'engrais à l'horizon 2025. Dans le passé, le pays importait toujours les engrais qu'il consommait. D'ailleurs il n'est pas le seul à avoir recours à l'importation des fertilisants. L'Afrique en général a jusque-là enregistré les taux les plus bas concernant la consommation d'engrais par rapport au reste du monde. En Afrique de l'Est par exemple, la consommation de l'engrais est à hauteur de 13 kg/ha, ce qui est très faible par rapport à la moyenne mondiale, évaluée à 98kg/ha. L'Afrique du nord arrive tout de même à atteindre une consommation de 47 kg/ha alors que la consommation atteint 300 kg/ha dans d'autres pays. Maryem Laftouty (journaliste stagiaire)