Gbagbo au pied du mur accepte de négocier d'égal à égal avec les insurgés. Point de salut sans concession. Le président ivoirien Laurent Gbagbo s'est enfermé dans une sorte de traquenard d'où il lui sera très difficile de sortir. Il est au pied du mur après la réunion de la CEDAO qui le pousse avec beaucoup d'insistance à accepter « concessions » et « sacrifices » sans le suivre dans sa demande de désarmement préalable des mutins. Le groupe de contact de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest place ainsi sur un pied d'égalité les autorités légales de la Côte d'Ivoire et les militaires insurgés, appelant les deux parties à faire preuve de « tolérance ». Il a appelé les belligérants à engager immédiatement les négociations tout en invitant le gouvernement ivoirien à adopter un esprit de pardon et de tolérance et les insurgés à faire preuve de modération dans leurs exigences. Les deux antagonistes sont ainsi renvoyés dos-à-dos, les mutins sont priés de ne plus exiger la démission de Laurent Gbagbo et ce dernier se voit de son côté incité à se comporter avec responsabilité en résistant aux appels à la guerre de son entourage et en tempérant les ardeurs de son armée menée par des officiers motivés par des considérations ethniques, xénophobes et religieuses. Le communiqué final du groupe de contact de la CEDAO « appelle les belligérants à prendre les mesures nécessaires pour protéger les vies et lesbiens des Ivoiriens et des ressortissants étrangers », dans une allusion claire aux exactions dont ont été victimes les populations civiles et dont s'accusent les deux camps. Le Mali accuse les autorités ivoiriennes de violences ayant coûté la vie à plusieurs de ses ressortissants, notamment dans des zones sous son contrôle. La CEDAO omet aussi d'exiger un désarmement préalable des mutins, expliquant que cette étape viendra sans être prioritaire pour le moment puisqu'elle relève des négociations à venir. Cette approche va à contre-courant des demandes instantes du président Gbagbo qui a longtemps exigé le désarmement des insurgés comme préalable à toute négociation, justifiant ainsi son refus de signer un cessez-le-feu permanent. La démarche du groupe de contact est jugée pragmatique puisqu'elle tient compte du rapport de force sur le terrain et du souci d'efficacité, ce qui le pousse à demander au président ivoirien de mettre une sourdine à son approche strictement légaliste du moment que les mutins observent le cessez-le-feu.