La première journée nationale de l'entreprise se tient à Casablanca le 11 décembre sous l'égide du Centre du jeune dirigeant. A cette occasion, nous avons interviewé son président Zakaria Fahim. ALM : Quelles sont les ambitions du Centre du jeune dirigeant (CJD) ? Zakaria Fahim : Notre mouvement de dirigeants d'entreprises repose sur une éthique et une conviction : l'économie doit être au service des femmes et des hommes et non l'inverse. Partant de là, nos objectifs sont d'améliorer les performances de l'entreprise et celles des dirigeants d'entreprises. Aussi le CJD est un lieu de réflexion collective et de prospective sur l'entreprise, le management, le métier, la stratégie, l'organisation, la gestion et le financement. Notre association s'intéresse aussi de près aux mutations de l'environnement en termes technologiques, sociologiques, organisationnelles et environnementales. La force du CJD ce n'est pas seulement de proposer la réflexion mais c'est surtout de mettre en place dans l'entreprise des pratiques innovantes en termes de management, d'organisation et de relations sociales. C'est aussi un espace de formation au métier de dirigeant. Pourquoi cette première journée nationale de l'entreprise ? Cette journée qui se tient le 11 décembre à Casablanca s'inscrit dans une démarche volontariste contre le ni ni et ce climat de sinistrose qui veut que rien ne change et que les choses vont à contre courant du bon sens. C'est vrai qu'il y a beaucoup de discours mais très peu d'actions. Tout le monde a légitimement marre des réunionnades stériles où les paroles sont le plan d'actions d'autres paroles. Il faut effectivement donner du sens à toute action et accompagner les idées pour qu'elles deviennent des projets. Voilà l'un des objectifs de cette première journée nationale de l'entreprise. Au CJD notre devise c'est de dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit. Et comme le disait une grande dame du monde de l'audiovisuel, il faut le faire savoir. Cette journée doit nous permettre de partager nos expériences et présenter nos réalisations concrètes en termes d'accompagnement des jeunes créateurs. Nous sommes convaincus que la seule alternative au salariat n'est pas le chômage. Un jeune peut aspirer à être son propre employeur en exerçant le métier qu'il a toujours voulu faire. Nous voulons présenter les deux grands outils développés par le CJD en vue d'aider le futur créateur en passant notamment le permis de conduire dit ABCDR, et dans la foulée en s'inscrivant dans le parcours d'accompagnement du jeune créateur pour devenir un dirigeant d'entreprise. Quels sont aujourd'hui les obstacles à la création d'entreprises au Maroc ? Nous pouvons dire qu'ils sont de plusieurs ordres. Je crois que l'obstacle le plus important, c'est que jusqu'à tout récemment, on pensait que l'entreprise etait la cinquième roue du carrosse, et qu'il n'y avait pas lieu de lever le petit doigt pour ces "nantis". Actuellement, la vision du gouvernement et du ministère de la mise à niveau est claire. L'entreprise est le nœud central pour un développement socio- économique fort et viable. Cette attention particulière de nos décideurs politiques et la prise en main de cette donne par les entrepreneurs eux mêmes à travers des associations comme le CJD contribuent à lever ,encore doucement à notre goût, les freins à l'acte d'entreprendre, premier maillon pour la création de richesses. Le plus urgent maintenant, c'est de capitaliser sur cette volonté et d'inverser la vapeur pour amener les différents acteurs rentrant dans le processus de la création d'entreprise de changer leurs habitudes. Et là, il faut commencer sur les bancs de l'école. des initiatives qu'il faut saluer ont été entreprises dans certaines écoles. L'université de Casablanca n'est pas en reste et ça s'applaudit.Cette dernière en partenariat avec le Comité régional pour la création dont elle est membre, accélère la dynamisation des cellules d'interface université / entreprise, dont la vocation est de faire participer les entreprises à la vie de l'université. Les autres obstacles sont d'ordre beaucoup plus organisationnel même s'ils restent traumatisants, telle que la lourdeur administrative, seront plus faciles à résoudre, puisqu'on saura en amont quel cap prendre. Y a-t-il suffisamment de mécanismes dédiés à la création d'entreprises ? Aujourd'hui, ces outils restent encore tres faibles et ceux qui existent sont méconnus et sous utilisés. Il faut impérativement continuer de soutenir les accords en cours entre la fédération des PME PMI et le GPBM, qui reste à travers ses membres un acteur structurant pour vulgariser les outils d'incubation et les autres produits pour accompagner la création. Actuellement, l'incubateur du Technopark lancé conjointement par le gouvernement marocain et la banque mondiale avec un fonds de 5 millions de dirhams sur 2 ans a vu en son sein depuis sa création en juillet 43 entreprises «incubées» et prévoit le lancement de l'incubation de cinq autres sur le premier semestre 2005. Notre journée doit, là aussi, contribuer à proposer des pistes pour mettre un focus permanent et visible de tous sur les différents mécanismes dédiés à la création.