Alors que le Conseil de Sécurité s'apprête à débattre d'un nouveau projet de résolution américaine, Saddam Hussein décrète une amnistie totale. Le Conseil de Sécurité s'apprête à débattre d'une nouvelle résolution américaine sur l'Irak. Elle ne devrait pas leur donner carte blanche à un recours à une frappe contre ce pays. Iouri Fedotov, vice-ministre russe des Affaires étrangères a réaffirmé la position de son pays, identique à celle de la France et de la Chine, qui a pour principe que «toute résolution sur l'Irak ne contiendra pas d'éléments inacceptables comme ceux qui figurent dans le précédent projet» américano-britannique. Sur place, à Bagdad, le président Saddam Hussein a vidé les prisons comme s'il voulait dire qu'il ne craignait pas ses détracteurs. Des dizaines de milliers de détenus, dont des prisonniers d'opinion, ont quitté les prisons irakiennes. Le geste a une portée intérieure plus qu'extérieure, bien qu'il réconforte l'opposition à Saddam Hussein qui parle de sa volonté de promouvoir une «sorte de réconciliation nationale». «Saddam Hussein a déjà plaidé en faveur de l'idée de réconciliation en commentant les résultats du référendum» pour sa réélection devant les instances du Parti Baath, a souligné une source diplomatique occidentale. Elle a précisé que la notion de repentir est présente dans le communiqué qui annonce la libération des prisonniers. En outre, le texte d'amnistie parle pour la première de l'histoire de l'Irak de «prisonniers politiques». «C'est un signe de confiance en soi de Saddam Hussein», affirme-t-on de même source, qui relève l'embarras des opposants irakiens en exil, qui refusent de commenter l'initiative du régime préférant rappeler les violations passé des droits de l'Homme. On estime à quelque 150.000 prisonniers libérés d'un seul coup, un geste considéré par les observateurs comme un signal par lequel Saddam Hussein montre une certaine suffisance, comme s'il voulait dire au monde qu'il ne craignait personne sur le plan intérieur. Effectivement, son régime, qui quadrille bien le pays, semble avoir pris un risque calculé en relâchant les prisonniers, politiques et de droit commun. Il semblerait aussi qu'il ne s'agit que d'une première mesure et que le régime irakien s'apprêterait à s'ouvrir politiquement et à autoriser le multipartisme. Pas loin de Bagdad, le roi Abdallâh de Jordanie n'exclut pas le retour de la monarchie en Irak : il pense que des membres de la dynastie hachémite, dont il est issu, puissent un jour gouverner l'Irak. Dans un entretien publié hier par le quotidien allemand Handesblatt, le roi émet des réserves sur le sujet : «Il est très dangereux de faire le lien entre des membres de ma famille et un Irak d'après-guerre». «J'aurais d'importantes réserves quant à un rôle de ce genre pour la maison Hachémite. Cela en irait autrement en revanche si les Irakiens devaient penser, deux ans après une éventuelle guerre, que la monarchie peut les réunir», précise le monarque. «Mais une telle initiative devrait venir d'eux, au début, un dirigeant militaire puissant devrait probablement tenter de mettre sur pied une coalition réunissant plusieurs franges de la société». Pour sa part, le roi Fahd d'Arabie saoudite a reçu l'émissaire américain William Burns à qui il a réaffirmé qu'il militait pour une position «juste», qui privilégie la solution pacifique, dans l'affaire irakienne, rejoignant par la même occasion tous ceux qui refusent tout automatisme d'intervention couverte par l'ONU avant même que l'on juge du degré de coopération de Bagdad aux inspections de son désarmement.