Totalement accessibles aux enfants, ces produits sont vendus à la sauvette par des jeunes qui harcèlent presque les passants pour qu'ils achètent ces pétards dont les prix varient entre 5 et 20 dirhams. Chaque année c'est la même histoire, des bruits assourdissants de détonations, c'est le son qui rythme nos quartiers ces derniers jours à cause des pétards utilisés par les jeunes. Au lieu des traditionnels instruments de musique marocains, on est passé en quelques années à une drôle de façon de fêter Achoura. Dernièrement, on assiste à une recrudescence de l'utilisation de ces matières dangereuses et l'on se demande qui assure leur commercialisation. Cette semaine les services de police du district d'Anfa ont procédé à la saisie de pétards dont la distribution se faisait à Derb Omar. En effet, la police a pu arrêter les personnes impliquées en remontant la filière, avec le suivi du parquet général. Ces opérations de saisies ne datent pas d'aujourd'hui. Ainsi, d'autres opérations ont été menées notamment en 2013 et en 2015. Les autorités avaient saisi les produits stockés et exposés à la vente. De même une grosse prise estimée à 34 millions de pétards provenant de Chine avait été faite au port de Casablanca par les services douaniers. Malgré leur interdiction et leur caractère dangereux, ces produits continuent d'envahir nos marchés. Les questions qui se posent d'elles-mêmes : comment ces produits dangereux échappent-ils aux maillons des douaniers et par quel moyen cette marchandise entre au Maroc ? Totalement accessibles aux enfants, ces produits sont vendus à la sauvette par des jeunes qui harcèlent presque les passants pour qu'ils achètent ces pétards dont les prix varient entre 5 et 20 dirhams. Les vendeurs arpentent à pied et en groupes Derb Omar. En leur posant la question sur la provenance de ces produits, ils n'hésitent pas à affirmer que leurs fournisseurs se trouvent à Derb Sultan et Derb Elfoukara. Un danger dans nos quartiers Achoura ne fait pas que des heureux, la tradition veut que les enfants s'amusent avec des jouets en toute innocence. Seulement la multiplication de ces objets extrêmement nocifs risque de perturber le bonheur de bien des foyers. Une fête supposée être joyeuse peut tourner au drame et à ce sujet les exemples ne manquent pas. Ce jeu peut engendrer des blessures graves allant jusqu'à la cécité. Davantage de contrôles Un projet de loi portant réglementation des produits explosifs à usage civil, des artifices de divertissement et des matériels contenant des substances pyrotechniques a été adopté en Conseil de gouvernement le 21 juillet dernier. Ce texte prévoit des peines plus ou moins lourdes. Celles-ci peuvent atteindre cinq années. Le projet vise à amender trois dahirs régissant la vente et la commercialisation des matières explosives. Les mesures coercitives Ledit projet de loi prévoit la création d'une commission nationale et des commissions provinciales. L'objectif est d'émettre un avis sur les projets de loi et les lois organiques qui régulent les produits explosifs, les feux d'artifice et les produits pyrotechniques. Elles auront également pour mission d'émettre un avis dans les demandes d'autorisation pour la construction d'usines spécialisées dans ces matières. Le projet prévoit, entre autres, des peines variant entre deux à cinq ans de prison ferme. Une amende est également prévue. Celle-ci peut aller jusqu'à 500.000 dirhams, contre toute personne qui dispose de matières explosives ou de feux d'artifice ou de produits pyrotechniques ou qui font entrer ces produits de manière illégale dans le territoire national. Les peines de prison augmentent pour les récidivistes. Seulement voilà, en attendant la mise en application de cette prohibition, l'usage de cette matière explosive continue de sévir. Leila Ouchagour Journaliste stagiaire