Les lois de la nature sont la solution des défis climatiques qui guettent la planète. Ces défis se traduisent par une rareté des ressources, une insécurité alimentaire et même politique. En agroécologie, il est question de gestion de l'eau, de reboisement, de lutte contre l'érosion, de biodiversité et d'autres dimensions. Il est très difficile de dissocier le nom de Pierre Rabhi de la notion de l'agroécologie. Ce philosophe et agriculteur bio français d'origine algérienne est un fidèle du Maroc. Ici, il a cofondé toute une ferme dédiée à répandre les bonnes pratiques en agriculture et à offrir l'autonomie nécessaire aux petits agriculteurs tout en assurant l'équation de leur autosuffisacce et de résilience des terres au changement climatique. En novembre prochain (4, 5 et 6) Pierre Rabhi fera le déplacement à Marrakech, à Casablanca et à Rabat pour expliquer davantage en quoi il est important de faire de l'agriculture biologique un mot d'ordre planétaire. «C'est en nous reconnectant à la terre qui nous nourrit que nous trouverons les ressources nécessaires pour construire une société véritablement intelligente et pérenne». Ces propos résument la vision de Pierre Rabhi. Selon lui, les lois de la nature sont la solution des défis climatiques qui guettent la planète. Ces défis se traduisent par une rareté des ressources, une insécurité alimentaire et même politique. En agroécologie, il est question de gestion de l'eau, de reboisement, de lutte contre l'érosion, de biodiversité et d'autres dimensions qui remettent en surface, et en cause, à la fois le système économique et celui social préconisés par l'être humain aujourd'hui. Quand un retour en arrière s'impose Si en termes d'actions à entreprendre pour faire face aux défis climatiques aucun retour en arrière n'est permis. La tenue de la COP22 et l'urgence d'adopter des solutions à même de nourrir la population mondiale tout en préservant la planète en est la preuve. En termes de pratique cela dit, il serait essentiel de retrouver quelques bases, à savoir ne pas reproduire les mêmes erreurs que les pays ayant adopté une agriculture intensive, et adapter des solutions aux réalités locales. Si l'on se base sur les propos de Pierre Rabhi et les exemples souvent donnés par cet agriculteur, la pratique agroécologique aurait le pouvoir de refertiliser les sols, de lutter contre la désertification, de préserver la biodiversité et d'optimiser l'usage de l'eau. L'option la moins coûteuse Une solution à taille humaine. C'est la définition souvent accordée à l'agroécologie. Elle permet de «répondre aux nécessités de la survie tout en respectant la vie sous toutes ses formes. Il s'agit simplement de mettre les acquis de la modernité au service d'un projet humain : recréer des structures à taille humaine, revaloriser la microéconomie et l'artisanat, reconsidérer l'organisation du territoire, éduquer les enfants aux valeurs de la coopération et de la complémentarité, éveiller leur sensibilité à la beauté et au respect de la vie... », lit-on sur les travaux de Pierre Rabhi. En développant cela, les petits agriculteurs se libèreraient des charges d'acquisition des intrants chimiques ( fertilisants) et pourraient fabriquer eux-mêmes ces fertilisants et assurer de la sorte leur survie, voire celle de leur entourage. Le tout en renforçant leurs sols et en minimisant le taux de pollution à leur niveau. Le mythe de la croissance infinie Pratiquement tous les travaux de Pierre Rabhi dénoncent le mode opératoire de l'être humain vis-à-vis de son entourage. Il remet ainsi en question une approche non durable et incompatible avec les ressources planétaires. Parler agriculture sans prendre en considération la notion de la durabilité et de l'adaptation au changement climatique répondrait, selon les observateurs, à un mythe de croissance infinie. Sur une plate-forme dédiée à ce philosophe, l'on évoque «une sorte de dépôt de bilan planétaire dont les générations à venir auront à subir toutes les rigueurs» et que l'agroécologie pourrait visiblement éviter. De la semence libre et locale Au Maroc, Fettouma Benabdenbi Djerrari, parmi plusieurs, se bat pour sensibiliser autour de l'agroécologie. Sociologue de formation, elle a cofondé avec Pierre Rabhi la ferme pédagogique de Dar Bouazza. Ici, s'est tenue «La Caravane de la semence», un événement consacré au programme «Femmes semencières» qui place la préservation des semences locales au cœur des solutions au changement climatique et qui pourrait être présenté à la COP22 comme solution concrète. S'inscrivant parfaitement dans le cadre du pilier II du Plan Maroc Vert, ce programme a vu le jour en janvier 2013. Il a pu permettre la formation d'environ 120 femmes aux quatre coins du Royaume. En les initiant à l'agroécologie, ces femmes ont pu atteindre une autonomisation socio-économique. Dans une déclaration de Fettouma Benabdenbi, celle-ci a précisé que la semence est considérée «comme une propriété privée des grands semenciers». Ils seront, selon elle, quatre grands acteurs industriels à détenir 50% de la semence mondiale. Ici, les questions de la souveraineté, de l'autonomie et de la sécurité alimentaires se posent. «Ces semences hybrides sont stériles. Elles ne sont donc pas reproductibles et mettent le paysan dans l'obligation d'en acheter continuellement. Que se passera-t-il si le petit agriculteur n'a plus les moyens de s'en approvisionner?». Dans un pays où une personne sur deux vit de l'agriculture, les réponses à ces questions sont, le moins qu'on puisse dire, impératives.