Nouveau directeur artistique du Festival international du film de Marrakech, à la tête de Le Public Système Cinéma, agence organisatrice de l'événement, Bruno Barde s'exprime sur les nouveautés de cette année. Pour lui, chaque édition ressemble à ceux qui la font. ALM : Quel est votre pressentiment quant au déroulement de la quatrième édition du FIFM? Bruno Barde : Je n'ai pas de pressentiments, seulement l'espoir de voir ce Festival grandir en force, en sagesse et en beauté. Le Festival de Marrakech est différent puisque la direction est collégiale, et c'est ce qui fait sa richesse . Je m'en réjouis, cela m'enrichit et me permet de confronter mes expériences à celles des gens avec qui je travaille, soit à la Fondation, soit à Paris. Tous ces métiers et toutes ces expériences n'ont qu'une seule ambition, à l'instar d'un éditeur, faire exister le mieux et le plus possible la «patrie» cinéma et transmettre cette passion car tout ce qui n'est pas donné est perdu. Le travail sur l'édition de cette année avait enregistré un certain retard. Comment vous êtes-vous organisé, notamment avec les autres membres de l'organisation, pour que l'événement se déroule dans le délais? Le retard dont vous parlez a été pris sur la confirmation des engagements pris entre la Fondation et Le Public Système Cinéma qui ont été signés le 14 septembre 2004. Aujourd'hui, ce retard est rattrapé puisque le Festival est prêt et existe. Sur quels critères vous êtes-vous basé en matière de sélection des films participants, dans la sélection officielle comme ceux figurant fors compétition? Le critère a toujours été le même, qualité, découverte et plaisir du cinéma pour favoriser la rencontre de tous les possibles. La sélection est l'affirmation d'une volonté propre aux sélectionneurs. C'est donc un engagement pour le cinéma, une prise de risques qu'il nous faut assumer. Chaque édition ressemble à ceux qui la font. On a également remarqué qu'un intérêt particulier a été porté sur le cinéma des pays du Sud, notamment ceux d'Asie et d'Amérique du Sud, au détriment des cinémas européen et nord-américain. Quelle est la philosophie d'un tel choix? L'Asie est depuis toujours un pays producteur de cinéma même s'il fallut attendre pour sa reconnaissance les années 50 et le triomphe à Venise de Akira Kurosawa avec Rashomon. Aujourd'hui, Wong Kar-Wai, Im Kwong-Taek participent à la réussite des plus grands festivals. L'Amérique du Sud a connu des périodes diverses mais le cinéma Novo au Brésil par exemple a influencé grand nombre de metteurs en scène. Nous devons beaucoup à Nelson Pereira dos Santos, Glaubert Rocha mais aussi pour l'Argentine, Fernando Solanas ou Arthuro Ripstein au Mexique. Sur l'échiquier des films je ne sais qui sera le roi cette année mais l'Europe s'agrandissant elle est très présente dans l'édition avec des pays qui renouent avec le cinéma comme la Finlande et la toujours étonnante Russie. L'Amérique du Nord est représentée dans sa diversité, cinéma indépendant, cinéma grand spectacle. Tous les cinémas sont à Marrakech cette année. L'Orient est toujours là où le soleil se lève. Et le soleil de par sa lumière est l'ami intime des cinéastes. Il éclaire leur cœur et leur esprit pour la joie de notre regard. Quelle est pour vous la meilleure recette pour que le FIFM puisse, un jour, occuper sa place au soleil des festivals les plus en vue dans le monde? Etre patient et continuer l'ouvrage. Le travail venant à bout de tout c'est notre seule certitude. L'humilité aide sur ce chemin. Cannes, Venise et Berlin sont de vieux festivals, Marrakech est jeune, beau, même un peu fringant. Vous étiez aussi un ami intime de feu Daniel Toscan du Plantier. Comment est venue votre rencontre ? Et que retenez-vous de la vie et de l'œuvre du défunt ? Parler de ma rencontre avec Daniel Toscan du Plantier suppose un retour sur ma rencontre avec le cinéma. Ma première rencontre décisive avec le 7ème art, celle qui allait orienter toute ma carrière, se produisit à la cinémathèque française. J'y rencontrai Jacques Itah et Simon Mizrahi, les stars attachées de presse du moment qui m'ont appris l'amour de ce métier, du cinéma, l'envie de toujours défendre cet art. Ma première expérience de festival fut la même année en 1977 au Festival de Cannes. J'y fis mes premières armes d'attachés de presse. Je découvrais le cinéma italien qui allait être mon compagnon pour de longues années. Un bonheur ne venant jamais seul, dans ce temps là, je rencontrai Daniel Toscan du Plantier qui dirigeait la société Gaumont France. J'ai appris de Daniel l'amour du beau et j'essaye chaque jour de ne pas l'oublier.